Aides aux CHR, le compte n’y est pas !
Le secteur du CHR (cafés, hôtels, restaurants) lutte depuis trois trimestres pour sa survie, la réouverture de ses établissements dans des conditions sanitaires sécurisées et pour davantage de perspectives économiques. Dans ce contexte, la commission des affaires économiques a entendu, en décembre dernier, Hervé Bécam, vice-président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH), Didier Chenet, président du Groupement national des indépendants (GNI), Alexis Bourdon, président du Syndicat national de l’alimentation et de la restauration rapide (SNARR). La colère des professionnels est grandissante alors qu’un sentiment de stigmatisation et d’abandon se développe et que le manque de visibilité sur les mesures de soutien au-delà du 31 décembre inquiète fortement.
Plusieurs mesures de soutien ont certes été mises en place. Mais pour ces professionnels, « le compte n’y est pas », en raison des charges fixes dont ils doivent toujours s’acquitter : loyers, congés payés (à hauteur de 16 millions de jours), charges audiovisuelles, frais de surveillance, contrats de gaz et d’électricité, etc. La promesse présidentielle « zéro recette, zéro charge » n’est pas tenue. Surtout, les PGE, fréquemment mis en avant par le Gouvernement, s’ils ont été les bienvenus lors de la première vague, ne correspondent pas aux réalités de la vie des affaires : « emprunter, c’est pour investir : ce n’est pas pour couvrir des pertes que l’on accumule chaque mois ! En mars, nous serons incapables de rembourser », a rappelé Didier Chenet.
Un vaste plan social, silencieux jusqu’à présent, menace donc le secteur : Hervé Bécam a ainsi indiqué que 200 000 emplois sont actuellement menacés du fait de l’arrêt de l’activité et qu’il est illusoire de penser que les aides permettent de compenser cette situation : « ce qui permet de vivre aujourd’hui, c’est l’endettement, et non les aides ».
De plus, l’attitude des assurances suscite incompréhension et colère : « il est absolument anormal qu’il ait fallu aller devant les tribunaux pour faire jouer des clauses qui étaient bel et bien incluses dans nos contrats ! En outre, grâce à l’activité partielle, les assureurs n’ont pas eu à prendre en charge l’indemnisation des frais de personnel, ce qui a représenté autant d’économies pour eux », a souligné Didier Chenet.
Même en cas de réouverture au 20 janvier 2021, l’activité restera durablement ralentie. Alexis Bourdon a ainsi indiqué que « l’enjeu à venir est de réfléchir, collectivement, à la façon de poursuivre notre activité dans un contexte dégradé. Comment pourrons‑nous gagner de l’argent avec des ventes en baisse de 50 % ? ».
Pour Sophie Primas, présidente de la commission, « mi-janvier, les restaurants auront été fermés six mois en un an. C’est une situation tout à fait dramatique pour nos territoires, le dynamisme et l’attractivité des centres-villes, l’emploi, l’apprentissage… Il est nécessaire dès aujourd’hui d’anticiper la reprise avec des modèles économiques et des modes de consommation profondément différents de ceux de début 2020 ».
Sources : Sénat – décembre 2020