Le vin primeur dans les Pyrénées-Orientales
Peu de fêtes officielles, rares communications, le vin primeur dans les Pyrénées-Orientales est moins à la mode qu’il y a quelques années. Et pourtant gustativement il a tout pour séduire les nouveaux amateurs qui partagent entre amis le plaisir des apéros conviviaux. Le primeur, une recette qui a fait la fortune du Beaujolais et que l’on a essayé de mettre sur orbite dans le département les Pyrénées-Orientales il y a quelques années. Si au départ les amateurs ont été séduits par l’idée et par les saveurs particulières de ce vin issu de la vendange de l’année, il semble que l’engouement se soit progressivement estompé.
« Mais ce qui est paradoxal, estime Denis Surjus le président de la coopérative Laure de Nyls, c’est que le primeur correspond exactement au goût des nouveaux consommateurs. C’est un vin fruité, léger, gouleyant, souple, aromatique. Bref, un vin plaisir qui se partage entre copains à l’apéro avec de la charcuterie ou des châtaignes. Et pourtant les amateurs s’en détournent. » Si le primeur n’a pas la cote non plus auprès de la grande distribution, c’est que son espérance de vie est courte. Après la sortie de son concurrent le beaujolais nouveau, son attrait retombe rapidement, il n’aura duré que quelques semaines. Et les grandes surfaces n’aiment pas les produits à vie courte. Malgré son rapport qualité prix attrayant, le primeur est passé de mode, la preuve, un grand nombre de viticulteurs ont abandonné sa production. Cela tient aussi aux difficultés techniques qu’engendre l’élaboration du millésime de l’année à mettre sur le marché mi-octobre. Seuls les terroirs les plus précoces peuvent espérer en produire au prix d’une course contre la montre dans les chais. Quelques gros faiseurs ayant des réseaux de vente et de clients importants notamment à l’export, misent toujours sur le produit, mais quoi qu’il en soit, le primeur représentera toujours une toute petite part de la production globale des caves. Cette année, poursuit Denis Surjus, entre le primeur blanc et le rouge ce sont 39 hl que nous avons élaborés, ce qui fait un millième de ce que la coopérative produit sur une année. Les plus gros faiseurs ne dépassent pas 15% de leur production totale. La production 2021 dans le département est de 115 000 bouteilles et seuls 9 opérateurs sont cette année sur les rangs contre 16 il y a 2 ans.
Si le primeur ne fait plus recette, il n’est pas de même pour le muscat de Noël, produit marketing s’il en est, qui sera commercialisé le 3e samedi de novembre. Entre 400 000 et 500 000 bouteilles seront écoulées par les caves du département. Il est vrai que le muscat de Noël tombe à pic à la veille des fêtes, et véhicule toujours un doux parfum sucré qui rime avec sapin, cadeaux, foie gras et bonne année grand-mère.