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Philippe Baijot : le champagne, que le champagne.

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Le directeur général délégué de Lanson-BCC, PDG de Chanoine Frères et Maison Burtin, a su avec son acolyte Bruno Paillard hisser en 20 ans le groupe au deuxième rang des maisons champenoises. RVI : Comment en vient-on à créer un groupe de Champagne en n’étant pas champenois ?


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PhB : C’est une histoire d’hommes d’abord, d’amitié entre Bruno Paillard issu d’une famille de vignerons de Bouzy, et moi venant de l’Aisne, arrivé par hasard en Champagne. Puis avec Gaston Burtin qui me confie à la fin des années 1970 une marque retrouvée dans les papiers de la maison Gauthier qu’il avait rachetée en 1958. Un certain Alfred Rothschild avait vendu son nom à la maison dans les années 1930. À l’époque, il y avait surtout des grossistes dans les petites villes et Gaston Burtin avait eu l’idée de créer des marques à consonance germanique de préférence, champagne oblige, en s’inspirant de patronymes pris au hasard dans le bottin parisien.

Il avait alors acheté les vins dont les grandes maisons ne voulaient pas et fait différents assemblages dont il proposait l’exclusivité à ces grossistes sous des marques différentes. Le début des marques dédiées en somme.

Quand Carrefour a ouvert son premier supermarché à Sainte Geneviève des Bois en 1959, il leur a proposé un champagne en exclusivité et c’était le succès immédiat.

Aujourd’hui la marque parmi les plus vendues en GD représente 3 M de cols.

RVI : Vous pensiez à l’époque à fonder votre propre maison ?

PhB : Non, j’avais en charge tout le commercial de la maison Marne & Champagne et ça accaparait tout mon temps. On vendait alors 10 M de bouteilles.

C’est l’arrivée des héritiers de Gaston Burtin, sa petite nièce Marie-Laurence et son mari François-Xavier Mora, le 23 décembre 1990 qui va tout déclencher. Après une réunion, je comprends qu’ils n’y comprennent rien et je démissionne le 24. Je décide alors d’être mon propre chef. Je travaillais depuis plusieurs années avec Bruno Paillard qui était alors agent commercial pour nous en Grande-Bretagne et avait monté une petite affaire de négoce en parallèle. On s’entendait bien, on a décidé de racheter ensemble une agence commerciale qui appartenait à son père, La Champenoise des Grands Vins. En 1991, nous avons eu l’opportunité de racheter un petit négoce, Chanoine, l’une des plus anciennes marques de champagne d’Épernay après Ruinart, puis l’été 1994, est arrivé entre nos mains le dossier Boizel.

La marque était arrivée en 1990, au pire moment, en GD, un circuit qui dit plus souvent non que oui et pour lequel il faut avoir les épaules solides. Les Roques-Boizel avaient acheté les vins très chers avant l’effondrement du marché et n’ont pas résisté. Ils y ont perdu leur indépendance mais ils sont restés dans l’affaire. Nous y avons gagné des appros qui commençaient à nous faire défaut, on a retiré la marque de la GD et remise en VPC où elle était déjà forte et où elle est devenue leader.

(…)

RVI N°3914 – décembre 2013

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