La Champagne, adepte des bonnes pratiques (2/4)
A l’heure où les Etats-Unis devraient revenir dans les Accords de Paris, la conférence des Nations unies sur le climat (COP25) a fermé ses portes à Madrid alors que s’éloigne l’objectif de contenir le réchauffement climatique à un niveau soutenable. « Des transformations sociétales et économiques majeures doivent avoir lieu au cours de la prochaine décennie pour compenser l’inaction du passé » préviennent les experts du Programme des Nations unies pour l’environnement, dans un rapport sur les trajectoires des émissions de gaz à effet de serre. Ce quasi-ultimatum s’ajoute aux observations, répétées depuis plusieurs années par les scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), et aux slogans scandés par les marcheurs pour le climat, qui se sont mobilisés une nouvelle fois à l’occasion de la 25ème conférence des Nations unies sur le climat (COP25) réunie, à Madrid. Les 55 auteurs du rapport du PNUE, issu d’un consortium rassemblant vingt-six nationalités, n’hésitent pas à qualifier les années 2009-2019 de “décennie perdue” dans la bataille pour faire chuter les rejets carbonés et respecter l’objectif de l’accord de Paris scellé en 2015 de contenir le réchauffement sous le seuil des 2°C. Les chercheurs n’entrevoient aucun pic des émissions mondiales dans les prochaines années et s’attendent à une hausse de près de 3,4°C à 3,9°C de la température du globe d’ici à la fin du siècle. L’agriculture et la viticulture modernes doivent montrer l’exemple, c’est toute la chaîne de valeur qui est concernée, de la production à la distribution en passant par les packagings et les voyages de représentation. En Champagne, les grandes maisons montrent l’exemple et nous entrainent sur la voie de la conscience verte collective …
2e épisode …
Rencontre avec Charles-Armand de Belenet, Président du Champagne Bollinger
Charles-Armand de Belenet – Photo Michel Jolyot
Depuis quand la Champagne a-t-elle conscience des enjeux climatiques et écologiques ?
CAB : La prise de conscience s’est faite au cours des 3O dernières années en constatant l’augmentation des températures moyennes (+1.1%), la précocité des vendanges (18 jours de moins en moyenne) et la baisse de l’acidité des vins de Champagne.
Comment cela a il été mis en œuvre ?
CAB : En 2003, la champagne a été la première filière viticole au monde à établir son bilan carbone et à se fixer pour objectif de réduire de 75% ses émissions pour 2050. En 2010, la Champagne a fait baisser le poids de la bouteille de 7% ce qui permet de réduire de 8000 tonnes de CO2 par an son impact. Enfin la Champagne s’est fixé d’arrêter les herbicides en 2025 et d’avoir 100% de son vignoble certifié VDC (Viticulture Durable en Champagne) en 2030.
Quels sont les engagements de la Maison Bollinger pour le Développement durable ?
CAB : La Maison Bollinger a toujours été en pointe dans le Développement durable. En 2012 Bollinger est la première Maison de Champagne à être certifiée Haute Valeur Environnementale et en 2014 devient aussi la première à être certifiée VDC (Viticulture Durable en Champagne). En 2015, Bollinger a décidé de supprimer les herbicides et les insecticides pour privilégier le travail du sol. Un gros travail est fait pour préserver la biodiversité avec l’installation de 24 ruches, la plantation d’arbres fruitiers et le suivi des différentes populations dans nos vignobles. Pour réduire notre empreinte carbone nous avons mis en place des tracteurs électriques (et même des chevaux à partir de 2010) et nous privilégions le circuit court (90% de nos bouteilles sont dans un rayon de 30 km de la champagne).
Bollinger est une des rares maisons à pouvoir calculer son bilan carbone dans le vignoble et dans le monde. Comment faites vous ? Quels process avez vous mis en place ?
CAB : Le Bilan carbone de Bollinger est réalisé tous les 5 ans afin de suivre nos objectifs de réduction d’émissions. Le premier a été réalisé en 2010, le second en 2015 et nous sommes en train de réaliser celui de 2020. Le bilan couvre trois niveaux : le travail du vignoble et l’élaboration des vins (20% des émissions), le transport (marchandise et déplacements commerciaux pour 30%) et enfin la bouteille et l’ensemble de nos achats pour 50%. Grâce aux différentes actions mises en place nous avons réussi à baisser de 18% nos émissions en 2015 et nous attendons les résultats pour 2020.
Est-ce que James Bond va continuer à boire du Bollinger ?
CAB : Oui, c’est une relation qui est véritablement durable ! L’année dernière nous avons fêté le 40 ème anniversaire de notre collaboration qui avait commencé en 1979 dans le film Moonraker et nous attendons avec impatience la sortie de prochain opus « No Time to die » qui devrait sortir en avril 2021.
Quelle est votre arme secrète pour cette fin d’année ?
CAB : Notre arme secrète est le lancement cette année d’un nouveau vin permanent dans notre gamme au nom mystérieux de PNVZ15. C’est un Champagne 100% Pinot Noir qui se réinvente chaque année avec la mise en avant d’un nouveau cru. Cette première édition met en avant le village de Verzenay (VZ) avec un assemblage de vins dont les plus vieux sont de 2009. 50% ont des vins ont été vieillis dans des petits fûts de chêne. C’est un vin gourmand aux saveurs de pêche, d’abricot, de noisette et de fleurs d’acacias qui devrait créer de grands moments de plaisir et de partage pour cette fin d’année.
Lire l’article en entier dans la RVI N°3956 de novembre-décembre 2020.