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Spiritueux, un ingrédient stratégique de premiumisation alimentaire

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Les spiritueux tiennent une place stratégique – souvent invisible – dans l’artisanat alimentaire (pâtisserie, chocolaterie, confiserie). Le marché français des spiritueux pesait environ €11,4 milliards en 2024, porté par les segments premium (cognac, whisky, rhum) et par l’export. Les usages «ingrédients» restent une niche mais bénéficient de la dynamique premium et du marché croissant des ingrédients alcooliques (marché mondial des ingrédients alcooliques : plusieurs milliards de dollars).

Côté chocolaterie, Mon Chéri (Ferrero) illustre l’intégration industrielle : chaque praline contient une cerise (≈18 %) «flottant» dans une liqueur (≈13 %) enfermée dans du chocolat, ce qui fait de l’alcool un composant technique et gustatif à la fois. L’origine industrielle et l’assemblage relèvent de Ferrero (Italie/production européenne selon conditionnement).

En pâtisserie, les liqueurs d’orange restent emblématiques : Grand Marnier (aujourd’hui dans le portefeuille du groupe Campari) est historiquement utilisé pour flamber et parfumer crêpes, soufflés et entremets – son profil «cognac + essence d’orange» en fait un choix privilégié des artisans pour donner du caractère à un produit.

À l’occasion de l’Épiphanie, Eminente s’associe à La Grande Épicerie de Paris pour dévoiler une Galette des Rois inédite, mariant le savoir-faire cubain et la haute pâtisserie française. Élaboré au cœur de l’île de Cuba, Eminente Reserva, cuvée emblématique de la Maison, est un rhum riche et structuré dont les eaux-de-vie vieillissent au minimum 7 ans dans d’anciens fûts de whisky en chêne blanc. Ce rhum d’exception est ici utilisé pour parfumer la frangipane à l’amande, apportant des notes subtiles de café, de vanille et d’amande grillée. La pâte feuilletée artisanale, quant à elle, s’inspire des écailles du crocodile cubain, animal totem de l’île – un clin d’œil à l’identité singulière d’Eminente. Ces collaborations servent d’argument commercial pour justifier des prix plus élevés et une différenciation gustative.

 

Chiffres clefs et conséquences économiques
Les exportations françaises de vins & spiritueux restent massives (les flux totaux vins+spiritueux avoisinent plusieurs milliards d’euros ; les spiritueux représentent une part importante des recettes d’exportation), mais elles sont volatiles – les données récentes montrent une contraction des exportations de spiritueux françaises sur certains exercices récents. Intégrer un spiritueux premium dans une spécialité artisanale augmente en moyenne la valeur perçue et permet un positionnement prix supérieur, même si la part de marché en volume liée spécifiquement à l’usage comme ingrédient reste minoritaire.

Catégorie de spiritueux Valeur Indicative / Part estimée Source / commentaires
Marché total des spiritueux en France 8,49 milliards € (valeur 2018-2030 estimation) Donnée «marché des spiritueux» toutes catégories confondues.
Répartition par type (2022) Vodka + Whisky 64,3 % (Vodka à 33,4 % seule) Segment France «Vodka et Whisky» ensemble pour 2022.
«Dark spirits» (whisky, rhum, brandy) Revenus estimés USD 2 151,9 M en 2024 pour la France (soit 1,95 milliards €) Segment « Dark spirits» uniquement, montre que le whisky reste le segment le plus important.
Marché des liqueurs La France représente ~20 % du marché ouest-européen des liqueurs. Montre l’importance du segment liqueurs dans les spiritueux.
Part de marché par entreprise La Martiniquaise détenait ~ 25,8 % du marché des spiritueux France en 2022. Une seule entreprise, mais utile pour voir la concentration.
Volume domestique (vente en France) 247 millions de litres vendus en 2024, 3,8 % vs 2023, valeur ~ 4,9 milliards € en France. Donnée récente de tendance à la baisse.

 

Le segment des spiritueux est large et dominé par vodka + whisky, ce qui implique que les usages artisanaux (liqueurs, rhums, eaux-de-vie spéciales) sont une sous-part de ce total.
Le marché des liqueurs montre une niche significative (~20 % du marché ouest-européen) ce qui laisse une fenêtre d’opportunité pour les artisans qui utilisent des liqueurs aromatiques.
La baisse des volumes (–3,8 % en 2024) indique une vigilance : pour les artisans utilisant des spiritueux, il peut être judicieux de valoriser l’ingrédient (premiumisation, traçabilité, origine) pour contrer une stagnation ou un recul.
Dans un contexte où une entreprise détient ~25 % du marché, il existe encore de la place pour des acteurs artisanaux ou locaux de spécificité.

Cet article a été publié le 10 novembre 2025.

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