Ventes aux enchères, la Bourgogne dépasse Bordeaux
Avec ses 281 commissaires-priseurs installés dans toute la France qui publient chaque année plus de 90 000 lots de vins et spiritueux, Interencheres dispose d’une visibilité étendue sur les ventes aux enchères de vin qui lui permet de dégager les tendances à suivre. Selon Interencheres, le site N°1 des enchères en France, le marché du vin est marqué en 2018 par trois grandes tendances :
1/ La cote des vins « naturels » grimpe : des prix multipliés par 2 en 3 ans
2/ La Bourgogne attire le monde entier et dépasse Bordeaux : des prix multipliés par 4 en 10 ans
3/ Les vins anciens enregistrent des records : un vin jaune de 1774 adjugé 85 000 euros
1/ La côte des vins « naturels » grimpe
Les consommateurs sont de plus en plus soucieux de la qualité et de la provenance des produits qu’ils achètent et le marché du vin n’échappe pas à cette règle. En parallèle de la tendance actuelle pour le Bio, la cote des vins « naturels » ne cesse de progresser ces dernières années. Les enchérisseurs se tournent de plus en plus vers de jeunes domaines tels que ceux d’Yvon Métras et Marcel Lapierre dans le Beaujolais ou de Pierre Overnoy dans le Jura, dont les vins ont vu leurs prix doubler en trois ans, atteignant des montants parfois supérieurs à des vins renommés de Bourgogne et attirant une nouvelle clientèle, plus jeune.
En 2014 : 21 mars 2014 à Montpellier, l’Hôtel des ventes Montpellier-Languedoc a adjugé 3 bouteilles de Fleurie L’Ultime Yvon Métras 2006 (1) à 100 euros, soit 33€ la bouteille.
En 2017 : 25 février 2017 à Villefranche-sur-Saône, Era-Enchères a adjugé 12 bouteilles de Fleurie L’Ultime Yvon Métras 2000 (2) à 850€, soit 70€ la bouteille.
Jusqu’à 150€ pour une bouteille de Beaujolais !
Si le Beaujolais a pu véhiculer l’image d’un vin bas-de-gamme, certaines des bouteilles qui valaient une vingtaine d’euros il y a encore trois ans s’adjugent aujourd’hui jusqu’à 150€. La demande augmente tandis que la quantité produite reste modeste.
En 2017 : 25 février 2017 à Villefranche-sur-Saône, Era-Enchères a adjugé 12 bouteilles de Fleurie L’Ultime Yvon Métras 2005 à 1 800€, soit 150 € la bouteille.
Explosion des prix du Clos Rougeard, une production artisanale
L’attrait croissant pour les vins issus de cultures sans pesticides, engrais, désherbants ou produits chimiques se traduit par l’explosion des prix des vins du Clos Rougeard, un domaine de Loire qui revendique depuis le XVIIIe siècle une production artisanale, à rebours des pratiques industrielles. En trois ans, ses cuvées de rouge Le Bourg, Les Poyeux et Le Clos, ainsi que son blanc Saumur Brézé ont vu leur prix doubler du fait d’une demande toujours plus forte. Il faut aujourd’hui compter 100 euros en moyenne pour une bouteille de la cuvée Le Clos et 300 euros en moyenne pour une bouteille de la cuvée Le Bourg.
En 2014 : 21 mars 2014 à Montpellier, l’Hôtel des ventes Montpellier-Languedoc a ajugé 2 bouteilles de Saumur-Champigny Le Bourg 2005 – Clos Rougeard à 320 euros, soit 160€ la bouteille.
En 2017 : 22 avril 2018 à Villefranche-sur-Saône, Era-Enchères a adjugé 3 bouteilles de Saumur-Champigny Le Bourg 2005 – Clos Rougeard à 1 100 euros, soit 366€ la bouteille.
En 2014 : 21 mars 2014 à Montpellier, l’Hôtel des ventes de Montpellier-Languedoc a adjugé 2 bouteilles de Saumur Brézé 2005 – Clos Rougeard à 150 euros, soit 75€ la bouteille.
En 2017 : 22 avril 2017 à Villefranche-sur-Saône, Era-Enchères a adjugé 4 bouteilles de Saumur Brézé 2005 – Clos Rougeard à 580 euros, soit 145€ la bouteille.
Jusqu’à 590 euros pour une bouteille Clos Rougeard Le Bourg 1990 !
Le cru « Le Bourg » de 1990 est le plus recherché et s’adjuge jusqu’à 590€ la bouteille. Il bénéficie aujourd’hui d’une notoriété internationale et attire notamment les amateurs asiatiques et américains en quête de vins haut-de-gamme.
En 2017 : 16 décembre 2017 à Orléans, Pousse-Cornet-Valoir a adjugé 1 bouteille de Saumur-Champigny Le Bourg 1990 – Clos Rougeard à 590€.
2/ La Bourgogne attire le monde entier et dépasse Bordeaux
Si les vins bordelais sont facilement appréhendables, les bouteilles étant depuis longtemps clairement répertoriées par château et millésime, les vins de Bourgogne sont plus insaisissables. Ils laissent place à la découverte et s’adressent davantage aux connaisseurs. Aussi, il y a encore dix ans, les vins de Bourgogne étaient plus difficiles à vendre. Ces dernières années, une clientèle privée d’amateurs (français comme étrangers) est apparue sur le marché, délaissant les grands noms pour s’aventurer vers des domaines moins renommés. Séduits par la qualité des vins de Bourgogne, ils n’hésitent pas aujourd’hui à pousser les enchères pour espérer acquérir l’une des rares bouteilles de cette région qui, du fait de ses petites parcelles, produit du vin en assez faible quantité. En cinq ans, le marché s’est largement tourné vers les vins de Bourgogne, avec en tête les domaines de la Romanée Conti, d’Henri Jayer et d’Armand Rousseau.
En 2009 : 29 décembre 2009 à Cannes, Cannes Auction a adjugé 1 bouteille de Vosne-Romanée Cros Parantoux Henri Jayer 1999 à 1 900€
En 2016 : 14 août 2016 à Cannes, Cannes Auction a adjugé 1 bouteille de Vosne-Romanée Cros Parantoux Henri Jayer 1999 à 4 600€.
En 2018 : 31 mars 2018 à Cannes, Cannes Auction a adjugé 1 bouteille de Vosne-Romanée Cros Parantoux Henri Jayer 1999 à 8 500€.
1 bouteille Domaine Romanée-Conti 2005 adjugée 12 300€ par l’Hôtel des ventes Victor Hugo à Dijon le 17 mai 2018.
1 bouteille Vosne-Romanée Cros-Parantoux Henri Jayer 1999 adjugée 8 500€ par Cannes Auction à Cannes le 31 mars 2018
1 bouteille Domaine Romanée-Conti 1991 adjugée 10 500€ par Jack-Philippe Ruellan à Vannes le 23 septembre 2017.
1 bouteille Domaine Romanée-Conti La Tâche 1996 adjugée 6 750€ par Cannes Auction à Cannes le 29 décembre 2017.
1 bouteille Musigny Georges Roumier 2005 adjugée 4 800€ par Era-Enchères à Villefranche-sur-Saône le 14 octobre 2017
1 bouteille Musigny Georges Roumier 2005 adjugée 4 800€ par Era-Enchères à Villefranche-sur-Saône le 14 octobre 2017.
1 bouteille Echezeaux Henri Jayer 1990 adjugée 4 500€ par Cannes Auction à Cannes le 29 décembre 2017.
1 bouteille Chambertin Grand Cru Domaine Armand Rousseau 1991 adjugée 2 600€ par De Baecque et Associés à Lyon le 24 avril 2018.
3/ Les vins anciens enregistrent des records
Un premier semestre 2018 marqué par une adjudication hors-norme : un record mondial pour un vin jaune de 1774. Le 26 mai 2018, une bouteille de vin jaune du Jura, millésime 1774 et élaborée par le vigneron arboisien Antaoile Vercel, a été adjugée 85 000€ par Maîtres Brigitte Fenaux et Philippe Etiévant à Lons-le-Saunier, un record pour un vin jaune. Il s’agissait de la plus vieille bouteille encore en circulation. Lors de cette même vacation, deux autres bouteilles de vin jaune de 1774 ont été adjugées respectivement à 62 500€ et 60 000€.
Le millésime prime sur l’ancienneté et reste le critère principal pour fixer le prix d’un vin
Malgré le résultat exceptionnel du vin jaune, le critère primordial n’est pas l’ancienneté mais le millésime. Un Château Mouton-Rothschild Pauillac de 1945 (3), considéré comme un millésime exceptionnel, se vend beaucoup plus cher qu’une bouteille de 1946 (4).
1 bouteille Château Mouton-Rothschild Pauillac 1945 adjugée 8 000€ par Guillaume Le Floc’h à Paris le 18 mars 2018
1 bouteille Château Mouton-Rothschild Pauillac 1946 adjugée 2 000€ par Cannes Auction à Cannes le 28 décembre 2018.
De la même manière, un Pétrus 2000 (5), considéré comme un excellent millésime, se vend plus cher qu’une bouteille de 1950 (6)
1 bouteille Pétrus 2000 adjugée 2 900€ par Cannes Auction à Cannes le 29 décembre 2017.
1 bouteille Pétrus 1950 adjugée 800€ par Osenat à Fontainebleau le 10 mars 2017.
(1) Millésime 2006 noté « 12 » par Le Guide Hachette des vins 2017
(2) Millésime 2000 noté « 12 » par Le Guide Hachette des vins 2017
(3)Millésime 1945 noté « 20 » par Le Guide Hachette des vins 2017
(4) Millésime 1946 noté « 14 » par Le Guide Hachette des vins 2017
(5) Millésime 2000 noté « 18 » par Le Guide Hachette des vins 2017
(6) Millésime 1950 noté « 13 » par Le Guide Hachette des vins 2017