Ryo Horiuchi remporte le 54e Prix Taittinger de cuisine d’auteur
Le Prix Taittinger, l’ « Everest de la gastronomie », a depuis 55 ans d’existence consacré pour la 3e fois un japonais. Ryo Horiuchi renouvèle l’exploit de Kenichiro Sekiya, le représentant du Japon, vainqueur du Prix en 2018. Ryo Horiuchi a réalisé différents séjours en France dans des établissements renommés comme chez Thierry Marx ou encore Régis Marcon qui remporta le Taittinger en 1989. Suite à son expérience au restaurant « Esterre » (Palace Hôtel, Tokyo), il sera le chef du restaurant Le Jardin, situé non loin de la capitale japonaise, qui ouvrira prochainement ses portes. Régulièrement, dans sa jeune carrière, il a occupé des postes en France et au Japon. Des échanges fructueux ont enrichi son style personnel. Sa connaissance forte de la cuisine française lui ont permis de présenter des plats originaux mêlant culture japonaise et apport dans la tradition d’Escoffier.
Cette année le sujet, révélé quelques mois plus tôt par le comité d’organisation composé de grands chefs étoilés, est le bœuf. Les huit candidats sélectionnés pour la Finale avaient donc cette année une recette libre à exécuter, leur laissant ainsi un champ de création totale, indépendant des règles apprises tout au long de leur parcours. Ils ont eu quelques heures pour réaliser un plat autour du bœuf. Chaque chef a ainsi pu laisser libre cours à son imagination, sa culture et ses inspirations pour créer un plat qui lui ressemble. L’émotion ressentie à la dégustation du plat du vainqueur n’est pas étrangère à son succès, même si, pour gravir la plus haute marche du podium, il fallait affronter la seconde épreuve avec autant de talent. Appelée « recette imposée », la deuxième facette du concours a été dévoilée aux candidats la veille au soir de la Finale. Les jeunes compétiteurs ont disposé d’une nuit pour imaginer une recette dont l’intitulé était « entrée végétale aux légumes de printemps ».
Ryo Horiuchi aura su appréhender avec habileté l’exigence de ces deux sujets avec sa recette : Filet de boeuf – Flan de topinambour – Petits Oignons et pommes soufflés.
Louis Cespedes, le Chef suèdois arrive second. Après le Lycée, Louis a hésité entre faire médecine ou intégrer une école de gastronomie, deux façons de soigner les corps. Finalement, il rejoint Ferrandi et ses expériences estivales dans un restaurant espagnol ont fait pencher la balance. Son parcours s’enchaine par de belles maisons étoilées Michelin en France: le Vieux logis, la Grand’Vigne et Serge Viera. En 2017, Louis Cespedes participe aux entrainements du concurrent australien pour le Bocuse d’or et il doit s’installer en Australie mais il est invité à rejoindre les cuisines du seul 3 étoiles Michelin en Suède : Frantzen. Aujourd’hui il est Sous-Chef du restaurant Adam et Albin et il prépare l’ouverture de son propre restaurant « Persona » pour 2022.
Sa recette : Confit de joues de vache laitière – Bonbon de poireau – Os à moelle et truffe.
En troisième position, le Chef Jan Smink des Pays-Bas, propriétaire de son restaurant au Nord des Pays-Bas. Jan est resté très attaché à ses origines paysannes. Il habite et travaille proche de la ferme de ses parents qui élèvent des vaches laitières. Il aurait pu reprendre la ferme familiale mais cela a été le choix de son frère cadet. Jan très tôt a su qu’il serait Chef. Mais il garde un fort attachement à ses racines, il travaille beaucoup les produits locaux et bien sur les dérivés du lait comme le colostrum.
Sa recette : Bœuf au madère – Carottes, oignons – Caviar et moelle.
« Au sein de la maison Taittinger, nous sommes très fiers de porter ce Prix depuis tant d’années. Et, parce que nous voulons plus que jamais servir les Chefs à travers lui, nous avons décidé de lui donner un nouvel élan. Si les traditions persistent, l‘évolution de la société dans laquelle elles s’inscrivent est réelle. En cinquante ans, la gastronomie s’est redéfinie au travers des voyages et des produits. Les chefs ont eux-mêmes aboli les frontières culturelles et prennent plaisir à se renouveler au travers d’influences variées. Le bagage technique est plus que jamais le socle de leur carrière, mais, la quête de sens, de singularité sont essentielles lorsqu’ils visent le sommet. Ils éprouvent cette nécessité d’aller vers ce qu’ils sont et puisent pour cela dans leur culture, leurs racines, leur histoire. Mettre l’âme du chef au cœur de la compétition est le pas que veulent franchir le Comité d’Organisation et la famille Taittinger » nous explique Vitalie Taittinger.
Créé en 1967, le Prix Culinaire « Le Taittinger » a toujours eu pour essence et vocation de préserver le patrimoine gastronomique français en assurant la transmission du savoir-faire auprès de la jeune génération de Chefs. Lancé par Claude Taittinger en hommage à son père, Pierre Taittinger, Fondateur de la maison de Champagne éponyme, le Prix a accompagné des générations de Chefs. Fidèle gardien de cette tradition culinaire, il s’est toujours donné pour mission d’exiger un haut niveau de technicité s’appuyant sur la conviction qu’une fois cette qualité acquise, les Chefs peuvent se permettre d’aller aussi loin qu’ils le désirent. Reconnu par la profession, « le Taittinger » se distingue par son exigence et sa probité. Souvent appelé « l’ Everest de la gastronomie », sa difficulté représente un tremplin pour les lauréats et leur permet d’accéder à une vraie notoriété. Ils gagnent le respect de leurs pairs. Plusieurs d’entre eux deviennent des personnages de légende, imprégnant durablement l’histoire et le patrimoine par leur créativité et leur technique : Joël Robuchon, Michel Roth, Bernard Leprince, Régis Marcon. Ces étoiles de l’histoire française ont tous foulé un jour la première marche de ce podium très disputé.