Rasteau, millésime 2013.
Chaque année un peu plus, l’exception climatique nous semble devenir la règle… Après l’extraordinaire gel de février 2012, pourtant, rien de pire ne pouvait plus arriver à nos vieux ceps de Grenache. C’était sans compter sur 2013 et les très mauvaises conditions météorologiques du mois de juin.
Le printemps frais et pluvieux a retardé le début du cycle de la vigne et les températures très irrégulières en juin ont provoqué une coulure sans précédent sur notre secteur, affectant particulièrement le Grenache. On aurait voulu s’acharner sur notre grand cépage qu’on ne s’y serait pas mieux pris ! Par la suite, tout le cycle végétatif a conservé ce retard, qui s’est même creusé en août pour atteindre trois semaines en septembre. Les vendanges ont donc débuté tout début octobre, un calendrier digne des années 1980 !
Autre surprise de ce millésime 2013 : la bonne maturité polyphénolique, maturité qui traduit l’accumulation des pigments colorés et le polissage des tanins, a comme devancé la maturité technologique, basée sur l’accumulation des sucres et la dégradation des acides. En clair, c’est une bonne nouvelle : on a des vins murs sans trop d’alcool ! Il faut remarquer au passage la très grande qualité des Syrah, qui se confirme en 2013 comme un cépage indispensable à nos assemblages dans notre appellation. Et plus que dans n’importe quel autre millésime, les autres cépages comme le Mourvèdre, les vieux Carignan et le Cinsault s’expriment largement du fait de la moindre proportion de Grenache !
Enfin, la réussite de ce millésime n’aurait pas été possible sans la belle arrière-saison, très douce au mois d’octobre, qui a permis de poursuivre la maturation de façon lente, avec des jours plus courts et des nuits assez fraîches. Les quelques orages n’ont pas affecté le très bon état sanitaire des raisins. Les grappes, déjà très lâches du fait de la coulure, ont continué à murir jusqu’à fin octobre.
Une petite récolte pour un joli millésime, original et tout en contrastes.
2 janvier 2014