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Picpoul, entre mer et AOC.

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Ceux à qui le picpoul de pinet n’évoque pas un étrange animal de basse-cour rêve d’un petit verre de blanc au bout d’un vieux ponton sur l’étang de Thau où attend un plateau d’huîtres ou de moules. Ce vin de vacances est lié à la carte postale avec pour slogan “son terroir, c’est la mer”. Il vient enfin d’obtenir son AOC après une vingtaine d’années de procédure alors qu’il était auparavant rattaché aux Coteaux du Languedoc.

« En 1985, on avait hésité à l’appeler picpoul ou pinet, raconte Guy Bascou, le président du syndicat.


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Comme les deux ont toujours été employés depuis que l’appellation était passée en VDQS, nous les avons gardés sous notre AOC Coteaux du Languedoc en réservant l’orthographe piquepoul pour le cépage afin d’éviter la confusion. » La production s’est récemment développée grâce aux investissements des caves coopératives de Pomérols et l‘Ormarine (dont l’oenologue Cyril Payon est aussi président de la fédération nationale et qui travaille avec Jeanjean – groupe AdVini) auxquelles s’ajoute le dynamisme des 23 caves particulières. L’aire couvre désormais 2 400 ha dont 1 400 en production produisant environ 70 000 hl/an, exportés à 40 %. Bien qu’il existe dans la liste des cépages autorisés dans le Châteauneuf-du-Pape et qu’il existait à l’origine dans les trois couleurs, le piquepoul ne subsiste qu’en blanc autour de l’étang de Thau, ce qui en fait la spécificité de l’appellation. Longtemps servi à l’apéritif avec le Noilly Prat local, il se redéveloppe depuis une vingtaine d’années sur une consommation seul, avec coquillages et fruits de mer, misant sur le particularisme du blanc dans une région de rouges. 70 % des volumes sont vendus en direct, les caveaux ayant fleuri entre Sète et le Cap d’Agde depuis 30 ans.

La spécificité de la bouteille à vagues et à vis L’appellation languedocienne s’est attachée ces dernières années à rendre la bouteille aussi séduisante que la carte postale. Collective depuis 1994 avec ses vagues gravées, elle est utilisable par les producteurs et négociants mais uniquement pour des vins conditionnés et « à un prix qui ne descend pas sous les 3 €, le prix moyen avoisinant actuellement les 3,70 €/col en GD, explique Guy Bascou. Si à travers le Suivi Aval Qualité, on détecte un problème, le syndicat n’accorde pas l’autorisation. D’ailleurs, ce modèle déposé et en exclusivité de VOA ne peut être vendu sans cette validation ». 6 M de cols sont conditionnés chaque année dans cette bouteille Neptune (sur les 8 produites). Elle bénéficie depuis deux ans d’une version capsule à vis, représentant déjà près de la moitié des ventes. « Ce qui témoigne de notre fort développement à l’export, en particulier aux États-Unis et en Grande-Bretagne » précise Guy Bascou.

Le picpoul est devenu à la mode outre-Manche ces dernières années ainsi qu’en Scandinavie principalement par la bouteille à vis et le Bag-in-Box® « et grâce à un message simple et authentique, explique Jo Albajan (domaine de la Mirande) qui a commencé à en vendre à l’acheteur des Caves de Pyrène à Londres il y a 10 ans lors de son passage dans la région pendant ses vacances, on en expédie aujourd’hui 60-65 000 cols. Nous sommes ensuite rentrés chez Oddbins avec une étiquette spécifique (Camp de Rousse). Ça nous apporte beaucoup de clients qui passent au caveau pendant l’été – on y a augmenté les ventes de 200 % en trois ans – et aujourd’hui on en vend 3 M de cols principalement en capsule à vis ». Le succès du picpoul de pinet passe aussi par le vin au verre à traves la commercialisation en BIB® auprès des restaurateurs et bars à vins et pas seulement en Angleterre « mais ici, c’est un vin de vacances, là-bas ils en consomment toute l’année comme le muscadet qui est notre principal concurrent » précise Jo Albajan. Aujourd’hui, la demande croit aussi sur les magnums. La cave de Pomérols en exporte 65 % principalement aux États-Unis, aux Pays-Bas et en Allemagne et depuis trois ans en Grande-Bretagne également. « Le picpoul est perçu comme Le blanc du Languedoc, les acheteurs étant sensibles au rapport qualité/prix, au style de vin sur la fraîcheur et l’acidité, facile à reconnaître et dans une bouteille caractéristique, explique Joël Jullien, le directeur de la cave.

Un vin pas compliqué aux codes de lecture simples, vendu à 99% en capsule à vis. » Au niveau mondial, le concurrent du picpoul serait plutôt les sauvignons notamment de Nouvelle-Zélande.

Une campagne de communication est à l’étude, mettant en scène la bouteille qui garantit l’origine mais l’appellation a d’autres soucis en tête : le TGV qui devrait impacter environ 80 ha. Il risque d’abîmer l’image du vignoble qui a investi dans la création de deux sentiers oenotouristiques et botaniques.

RVI N°3914 – décembre 2013

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