Quand le champagne va tout va. Et au vu des chiffres 2010 renouant avec des années record, surtout ceux de l’exportation des pays tiers qui caracolent à plus de 29%, les Champenois peuvent retrouver le sourire. D’autant que ce sont dans les pays qui valorisent le mieux qu’ils exportent le plus.

Le moral était donc revenu, même si les opérateurs restaient prudents depuis la crise. Et survient la catastrophe au Japon. Aujourd’hui, les Champenois se préoccupent du sort de leur quatrième marché d’exportation en valeur, qui risque d’être moins à la fête cette année. Les plus grandes maisons ont sorti de leurs caves quelques beaux flacons pour un « urgency charity dinner » aux Crayères afin de venir en aide au pays qui aimait de plus en plus le champagne. Le fruit de la vente aux enchères a été envoyé à la Croix Rouge japonaise. L’interprofession des vins d’Alsace a également mis en place des aides ciblées avec des associations de sommeliers nippones…

Alors qu’il sortait doucement la tête de l’eau, le beaujolais qui exportait là-bas 6 à 7 millions de bouteilles par an, risque aussi de souffrir, l’île nippone restant l’une des rares fidèles au beaujolais nouveau. Le cognac y perdra également quelques cuvées de luxe, même si les ventes s’étaient effondrées en vingt ans, le relais de croissance étant déjà passé au voisin chinois. Bourgogne et Bordeaux craignent également des chutes de commandes au vu de la désertion des restaurants japonais. Face au drame qui touche la troisième économie mondiale, pas de catastrophisme déplacé néanmoins pour la filière française qui aura un meilleur aperçu des retombées à l’examen des chiffres des Douanes sortant avec deux mois de décalage. Mais il faudra attendre sans doute quelques mois avant de pouvoir lancer de joyeux Kampaï en levant son verre avec nos collègues nippons.

RVI – avril 2011