Patrick Montfort, la verve de Cyrano.
Deux fois président de l’interprofession de Bergerac, Patrick Montfort vient de reprendre la fédération du négoce. Le Bergeracois a beaucoup séduit des investisseurs étrangers ces dernières années. Qu’est-ce que cela implique pour le vignoble ?
P.M. : Aujourd’hui, on ne peut plus amortir quand on achète des vignes en Bergeracois ; ça reste cher car beaucoup d’étrangers achètent des propriétés, au départ des Hollandais puis des Anglais, et aujourd’hui des Belges et même des Russes. Ce sont en général des passionnés qui ont apporté des nouvelles façons de faire et une rigueur. Jaubertie, dans les années 1980, vendangeait déjà la nuit pour produire des vins de soif, des blancs plus fruités. à l’époque, on ne voulait pas trop bouger des techniques pratiquées par les générations précédentes et il n’y avait pas non plus de Français volontaires dans les équipes de nuit de vendangeurs ; certains viticulteurs refusaient même de travailler « avec l’Anglais ». Actuellement, les mentalités sont moins fermées avec une nouvelle vague de vignerons qui arrivent aux commandes mais ils hésitent encore hélas à prendre des responsabilités.
RVI : Comment évolue la perception des vins du Bergerac ?
P.M. : La nouvelle campagne de Bergerac a sérieusement rajeuni notre image ces dernières années. Avant, il faut reconnaître qu’elle était un peu ringarde. Maintenant, nous apparaissons comme des vins jeunes et dynamiques. Nos principaux clients sont d’ailleurs les 25-45 ans mais ils sont très versatiles. Les efforts oenotouristiques de la région ont également contribué à changer notre image : la Dordogne est le département de France hors littoral le plus visité et le Périgord a un fort pouvoir d’attraction. Mais il faut reconnaître que l’oenotourisme coûte cher aux producteurs : quand on a un visiteur à 18 heures, il est encore là à 20 heures et il repart souvent avec une seule bouteille.
Il y a eu aussi beaucoup à faire comparé à Sonoma Valley où les caveaux font souvent plus de CA avec les produits dérivés qu’avec le vin. Ils savent véhiculer le nom de leur domaine sur des tee-shirts et même proposer des collections d’étiquettes. Mieux vaut vendre six verres ou une carafe avec un logo qu’une boîte de foie gras. En France, on a encore trop de scrupules. Il faudrait également dans les caveaux plus de gens parlant anglais, plus de papiers cadeaux, d’objets du vin… En matière d’image, le nom joue un rôle primordial ; il fait 30 % de la vente du vin.
D’où le succès des appellations Rosette, Pécharmant et Monbazillac, qu’il faudrait mieux exploiter, des domaines Briand [racheté par sa fille Amélie] ou Moulin Caresse, des vins de Luc de Conti (Tour des Gendres) ou de la famille Saint-Exupéry (Tiregand).
(…)
Lire le dossier complet dans la RVI 3892 – octobre 2011.