Patriarche : développeur de marques.
La maison beaunoise Patriarche s’est fortement développée dans la seconde moitié du XXe siècle grâce à André Boisseaux avant d’être rachetée en mai dernier par le groupe Castel. Quand Jean-Baptiste Patriarche, producteur de Savigny, s’installe sur la place de Beaune en 1780, il cherche à gagner en sérieux et en reconnaissance en vendant du vin.
Il profite de la Révolution pour acquérir en 1796 le couvent des Visitandines réquisitionné comme bien national et qui abrite toujours le siège social. Jean-Baptiste vend déjà en Allemagne, en Belgique et en Angleterre. à sa disparition, en 1828, c’est son frère puis son neveu qui reprend les rênes de la maison.
La dernière descendante de la famille, Noémie Vernaux, meurt en 1940 et ses héritiers vendent l’affaire à un fils de négociant et viticulteur bourguignon, André Boisseaux. Il réamènage d’emblée les caves, les plus grandes de la région et parmi les premières à s’ouvrir aux visiteurs. Faisant très tôt du marketing sans le savoir, M. Boisseaux se plait déjà à rappeler qu’il ne vend pas du vin mais une signature : il commercialise ses bouteilles sous la marque Patriarche Père & Fils et créé les premiers vins de marques : Champlure rosé en 1948, Cramoisay rouge en 1950, puis en 1973, le Lichette blanc. Il développe également différentes cuvées, celles des Bons Papes, Jean-Baptiste, Père Patriarche… André Boisseaux est très tôt un farouche défenseur de la réclame. Il fait largement diffuser sur les ondes de RTL les messages de Cramoisay et Champelure ; Le long de la fameuse N7, les platanes portent les plaques émaillées des deux marques. Quand le viticulteur de la plaine a racheté Patriarche, la profession ne l’a pas accueilli à bras ouverts mais quand il se paie le culot de vendre une marque avant sa région de production et que de surcroît, on en parle dans les transistors (“Patriarche, que ton vin est bon”), la coupe est pleine et il est promptement convoqué par le syndicat qui lui reproche de massacrer l’image de la Bourgogne.
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