Tandis que la concentration de l’activité Vins & Spiritueux s’accélère dans les mains de groupes français dopés aux acquisitions, d’autre pans de la filière s’internationalisent, absorbés par des milliardaires étrangers.

Nous sommes bien entrés dans l’ère de la mondialisation, autant de la consommation que de l’investissement. Les Russes investissent dans le cognac et le champagne, les Chinois dans les châteaux bordelais. Pour l’instant, rien de stratégique. Les marques phares demeurent à capitaux majoritaires français et certaines régions comme la Champagne font même bloc pour qu’elle le reste. Cela permet au moins de garder une certaine légitimité, une « french vitrine » de bon aloi quand cognacs, champagnes et bordeaux, fers de lance de nos exportations, sont de plus en plus appréciés et achetés à l’étranger.

Si ces flacons de luxe partent en priorité à l’export, flambée des prix oblige, au moins peut-on encore s’enorgueillir qu’ils fassent toujours partie du patrimoine français, à l’instar de Mireille Mathieu et Patricia Kaas qui ne sont désormais plus connues qu’en Russie ou au Japon. Et dans cette mondialisation galopante, notre planche de salut ne sera sans doute pas de jouer indéfiniment les villages gaulois, forts de ses petits producteurs et artisans de la grappe ; elle passera par les AOP, non pour leur justification du lien au terroir par un système et des arguments souvent incompréhensibles, même chez nous, mais plutôt pour leur capacité à nous préserver ainsi des délocalisations.

Ce ne sont d’ailleurs pas que les grands groupes qui portent l’étendard français dans les pays consommateurs mais également le tissu des PME qui boostent les exportations de vins et spiritueux, second excédent de la balance commerciale et équivalent de 137 Airbus…qui ne se vendent plus.

RVI 3886 – Mars 2011