Les exportations françaises de V&S à la baisse
Les exportations de vins et spiritueux français ont atteint 15,6 milliards d’euros en 2024. Ce chiffre marque un nouveau fléchissement par rapport à 2023 (-4%) mais avec une stabilisation des volumes (-0,1%), dans un contexte toujours marqué par des tensions économiques et géopolitiques. S’il reste le troisième excédent de la balance commerciale de la France, le secteur des vins et spiritueux voit toutefois son solde s’éroder pour la seconde année consécutive.
« Après une année 2023 marquée par une forte baisse des volumes, on voit que ceux-ci se stabilisent au prix d’une réduction de la valeur » constate Gabriel Picard, Président de la FEVS. « L’inflation et les incertitudes géopolitiques fragilisent, au moins provisoirement, la forte premiumisation des années précédentes. » Les États-Unis en croissance, la Chine en fort repli Aux Etats-Unis, les exportations de vins et spiritueux retrouvent des couleurs (+5% à 3,8 milliards d’euros). Cette reprise, qui traduit la réduction des stocks chez les grossistes, concerne davantage les vins (+8,4%) tandis que les spiritueux se stabilisent (-0,1%). L’évolution au sein de la catégorie des vins mousseux montrent que le prix reste encore un facteur clé, avec le léger recul du Champagne (-2,3%) quand les autres vins mousseux d’appellation progressent (+16,5%). Les exportations vers le Royaume-Uni restent stables (-0,7% à 1,7 milliard d’euros). Si la valeur des vins fléchit (-3.9% à 1,4 milliard d’euros), celle des spiritueux connaît une nette hausse (+21% à 260 millions d’euros). Quant aux volumes, ils progressent pour les vins (+5,4%) mais sont en retrait pour les spiritueux (-2,5%). L’Asie connaît une situation contrastée en 2024. D’un côté, la Chine recule en dessous du milliard d’euros d’exportation (-20%), dans un contexte économique défavorable accentué par l’enquête antidumping sur les brandies européens. De l’autre, des pays résistent bien, à l’image du Japon (-4% à 655 millions d’euros), ou se développent, comme la Malaisie (+5% à 75 millions d’euros) et la Thaïlande (+8% à 62 millions d’euros). Stabilité des vins, pression sur les spiritueux Si les volumes exportés se stabilisent (+0,7%), les vins voient leur chiffre d’affaires fléchir à 10,9 milliards d’euros (-3,0 %), principalement du fait du recul des ventes de Champagne (-8,0 %) tandis que les vins tranquilles se maintiennent (-0,5%). Le chiffre d’affaires mondial des spiritueux français décroît de 6,5% à 4,5 milliards d’euros, avec des volumes en baisse à 46,6 millions de caisses (-1,8%), notamment en raison des tensions sur le marché chinois.
Perspectives et enjeux pour 2025 « Quels enseignements devons-nous tirer de ce résultat 2024 en demi-teinte ? » s’interroge Gabriel Picard, Président de la FEVS. « Doit-on se satisfaire d’une performance qui reste la quatrième de tous les temps ou s’inquiéter du recul régulier de nos volumes et maintenant de la valeur ? » « A la volatilité de l’économie mondiale vient s’ajouter la forte incertitude géopolitique, qu’il s’agisse de la Chine ou des Etats-Unis » souligne Gabriel Picard. « Nous attendons de nos dirigeants, européens et français, qu’ils prennent pleine conscience que notre industrie, l’un des piliers non délocalisables de la souveraineté du pays, doit être épaulée et soutenue de la bonne manière. Il leur appartient en particulier de résoudre sans plus attendre le conflit qui secoue cognac et armagnac depuis plus d’un an et qui, sinon, frappera de plein fouet tous les maillons de la filière et au-delà. » Pour le Président de la FEVS, il faut plus que jamais être pragmatique et adaptatif : « Nous devons imaginer de nouvelles approches, à la fois pour sécuriser nos marchés et en ouvrir de nouveaux » déclare Gabriel Picard « et nous demandons clairement à nos responsables politiques qu’ils soient ouverts et moteurs en la matière, en luttant à nos côtés, et de façon efficace, contre tous les freins qui pèsent sur nos maisons ». Et de conclure : « Cela ne concerne pas que les autres : nous nous l’appliquons à nous-mêmes en ayant créé la Maison des Vins et Spiritueux car nos structures professionnelles doivent elles-aussi s’adapter. L’union fait la force ».
Consulter le tableau des Exportations françaises de vins et spiritueux en 2024.
Cet article a été publié le 21 février 2025.