Le secteur des vins et spiritueux fait face à une augmentation généralisée des coûts de production
Les producteurs de vins et spiritueux subissent des augmentations sans précédents du prix des matières premières et des matières sèches. Les entreprises du secteur craignent que les difficultés d’approvisionnement et les coûts de production qui s’envolent ne s’installent dans la durée.
Les producteurs de vins et spiritueux font tous le même constat : après deux années de crise sanitaire, les conséquences géopolitiques induites par le conflit en Ukraine entrainent, au-delà du drame humain, une forte perturbation de leur activité de production. Emballages, logistique, énergie ou matières premières agricoles, tous les secteurs sont désorganisés et tous les coûts progressent.
En premier lieu, les bouteilles en verre deviennent difficiles à trouver. Les fournisseurs travaillent en flux tendu et certaines références ne sont plus disponibles, ce qui pénalise un secteur pour lequel la diversité des contenants constitue l’ADN, et la bouteille un vecteur de marque. En conséquence, le prix des bouteilles connait déjà une très forte progression. La situation semble s’installer et pourrait se dégrader à horizon de 6 mois, avec le retour des basses températures, dans la mesure où l’industrie du verre est fortement dépendante du gaz naturel.
La tension qui s’installe touche tous les matériaux puisque la filière du bois, qui est utilisé pour la fabrication des palettes et pour le papier des étiquettes, annoncent des hausses compte tenu d’une forte demande et d’une pénurie mondiale. Le renchérissement de l’extraction des métaux entraine aussi des perspectives haussières sur un marché malmené depuis déjà un an, exactement comme le marché du carton.
Concernant l’approvisionnement en matières agricoles, le tarissement de l’exportation de céréales en provenance de Russie et d’Ukraine, qui représentent 30% de la disponibilité mondiale de blé, a immédiatement fait exploser les cours dès le début du conflit. La hausse du prix de l’énergie, qu’il s’agisse de gaz ou d’électricité, a aussi perturbé la production française de sucre et d’alcool. Ce secteur très intensif en énergie annonce également de fortes hausses.
Enfin la logistique est fortement désorganisée (encombrement des ports, pénurie de chauffeurs routiers et de containers…) mais aussi pénalisée par le prix du carburant puisque le cours du pétrole atteint des sommets en 2022.
La Fédération Française des Spiritueux demande que ces hausses soient prises en compte dans le cadre du Comité de Suivi des Négociations Commerciales. « Nos coûts de production ont progressé de façon soudaine et spectaculaire, c’est pourquoi ils n’ont pas pu être intégrés lors des négociations commerciales de début d’année avec nos partenaires de la distribution. Ces hausses doivent être prises en compte dans les discussions à venir pour préserver l’équilibre économique d’un secteur composé de 90% de TPE et PME » prévient Thomas Gauthier, Directeur Général de la Fédération Française des Spiritueux.
Hausse des coûts de production des matières premières depuis février 2022 :
Verre Entre +13% et 60%
Bois De l’ordre de +10%
Carton De l’ordre de +20%
Blé De l’ordre de + 50%
Sucre Entre 12% et +40%
Alcool Entre +20% et + 60%
Gaz De l’ordre de +50%
Electricité De l’ordre de +5%
Transport De l’ordre de +5%
Sources : FFS, transport-info.fr, spiritsselection.com, gaz-tarif-reglementé.fr, AGRITEL, INSEE.