« Mon grand-père a été l’un des premiers avec Calon Ségur à chercher des vins plus alcoolisés. L’arrivée d’Alexis Lichine a changé bien des choses : il a été le premier à organiser des dégustations comparatives et à convaincre les premiers crus de se faire goûter avec les autres.

Avec mon grand-père, ils ont imposé un style différent et Émile Penaud a enfoncé le clou sur le fait qu’un bon vin ne pouvait qu’avoir des acidités basses. Mais le Médoc était en pleine crise jusque dans les années 1970. Mon père disait alors “le vin, c’est un métier amusant mais il ne faut pas compter dessus pour en vivre”.

Quand beaucoup de familles pieds noirs sont revenues, mon grand-père s’étonnait qu’ils plantent de la vigne à Bégadan. C’est comme si on lui avait dit qu’on plantait au beau milieu des Landes. Dans les années 1970, on produisait des vins tanniques qui avaient besoin de nombreuses années de vieillissement et pouvaient même passer de vie à trépas avant d’être bons. Mais les oenologues ont commencé à arriver dans les châteaux alors qu’avant, c’était le maître de chai qui faisait, par tradition, souvent sans réfléchir. Le rôle d’un propriétaire est prépondérant au niveau des assemblages, c’est le fil rouge d’une propriété mais il faut donner les moyens de faire aux techniciens. »

RVI 3894 – décembre 2011