En 60 ans, la consommation de vin des Français a chuté de 70%
En 60 ans, la consommation de vin des Français a chuté de 70%, passant de plus de 120L/an et par habitant en 1960 à moins de 40L/an en 2020. Un recul particulièrement marqué ces dernières années chez les jeunes : entre 2014 et 2021, le vin a perdu 9 points de parts de marché chez les 18-35 ans face aux autres boissons alcoolisées . Le Comité National des Interprofessions des Vins à appellation d’origine et à indication géographique (CNIV) et Vin & Société, les deux associations professionnelles représentatives des 500 000 acteurs de la filière de la vigne et du vin, tirent la sonnette d’alarme sur ce phénomène de « déconsommation », qui menace la transmission d’une culture bimillénaire et porte en germe le risque d’une véritable « bombe » sociale. La filière appelle au sursaut pour que le vin conserve sa place sur nos tables et au sein de notre société, avec modération mais sans stigmatisation !
Le vin est-il encore la « boisson-totem » de la nation française ? En apparence, notre pays – deuxième producteur mondial de vin sur les cinq dernières années – reste la grande « patrie du vin ». L’attachement et l’estime portés au vin par les Français paraissent intacts, avec 96% des Français qui jugent le produit inséparable de notre identité culturelle . Les chiffres montrent pourtant qu’un phénomène profond de « déconsommation » de vin est bel et bien amorcé, et ce depuis des décennies : avec une chute de 70% de la consommation entre 1960 et 2020, jamais les Français n’ont aussi peu consommé de vin !
Le « spectre » des consommateurs de vin se réduit. La consommation de vin chute pour toutes les classes d’âge, avec une ampleur particulière chez les 18-35 ans qui se tournent de plus en plus vers la bière et les spiritueux. En 2021, la bière a représenté 39% des achats de boissons alcoolisées chez les moins de 35 ans, contre 27 % pour les vins tranquilles et effervescents cumulés .
Une chute « multifactorielle » qui questionne la place du vin dans notre société
La filière de la vigne et du vin, à travers le CNIV et Vin & Société, constate qu’un tel recul fait écho à des transformations profondes de notre société : déritualisation des repas, perte de transmission au sein des familles, mutation de la composition des familles, avec accroissement du nombre de personnes vivant seules, alors que le vin est le produit du partage par excellence. La filière regrette par ailleurs une certaine forme de stigmatisation du produit lui-même, qu’a alimenté largement une mouvance « anti-vin » minoritaire mais active.
Pour Bernard Farges, président du CNIV et Samuel Montgermont, président de Vin & Société : « Il ne s’agit certainement pas d’appeler les Français à l’excès ou de renier notre engagement pionnier en matière de consommation modérée. La question est tout autre : est ce que nous souhaitons dans les années à venir voir le vin sur nos tables, ou dans nos musées ? » …