Daniel Tilignac : sommelier de La Beaugravière.
« Sur les 1300 références de notre carte, les vins de la vallée du Rhône en représentent 60 à 65% et environ 80% de nos ventes. Il y a plus de 20 ans que le chef, Guy Jullien, a commencé à remplacer les bordeaux par des vins du Rhône. Nous avons désormais une clientèle d’amateurs, de professionnels, d’importateurs qui viennent ici pour faire découvrir les vins de la région à leurs clients. Majoritairement en rouge, même si on nous demande de plus en plus de châteauneufs blancs sur des millésimes plus anciens et des rosés l’été, des vins de Tavel, Lirac, Rasteau… surtout en premier prix.
Les clients, de plus en plus connaisseurs, nous commandent aujourd’hui davantage de noms que d’appellations, Chave, La Chapelle, Jean Bressy, Bonneau, Trevallon, La Grange des Pères…, plutôt des crus méridionaux et d’abord des châteauneufs. On n’oublie pas pour autant qu’il y a 25 ans, à part La Nerthe, Montredon, Beaucastel, Rayas et le Clos des Papes, il n’était pas si simple de vendre un vin de Chateauneuf.
La clientèle de passage demandait surtout « un ballon de côtes » [du Rhône] puis elle a découvert les progrès qualitatifs des vins de la région, surtout depuis une dizaine d’années.
On arrive encore à vendre des VDN : Rasteau qui garde encore cette image plus que de vins tranquilles, est servi en dessert ou au fromage, Beaumes de Venise plutôt à l’apéritif mais ils ont besoin d’une prescription.
L’hiver, avec les truffes, on vend davantage de belles bouteilles à 100-150€ et plus de magnums et de jéroboams aux groupes, même si l’on constate une baisse des repas d’affaires, surtout avec la nouvelle génération qui s’intéresse moins au vin, prend moins le temps de déjeuner le midi et signent moins de contrats au resto. » .