Cépages résistants, les pro s’organisent …
L’Inra a développé plusieurs variétés de vigne résistantes au mildiou et à l’oïdium, dont les premières seront inscrites au catalogue et classées définitivement à partir de la campagne 2018. Le Conseil Interprofessionnel des AOC du Languedoc et des IGP Sud de France (CIVL) et l’Interprofession des Vins du Sud-Ouest (IVSO) ont signé à Brens le jeudi 18 mai 2017 avec l’Inra et l’IFV des engagements pour contribuer au déploiement de ces variétés grâce à des plantations par des viticulteurs adhérents. L’objectif : étudier en grandeur réelle le comportement des variétés et la durabilité de ces résistances génétiques au travers d’une recherche résolument participative, qui préfigure le déploiement de modèles de viticulture durable de demain.
Activité économique majeure, la viticulture doit répondre à des attentes sociétales fortes, en matière de qualité, de diversité des produits viticoles et de modes de production, notamment pour leurs impacts liés aux intrants phytosanitaires. L’application de produits de protection de la vigne est présente dans tous les vignobles contre un certain nombre de parasites, principalement contre deux maladies foliaires : le mildiou et l’oïdium. Parmi les options pour réduire l’utilisation des pesticides, la résistance génétique des variétés apparaît comme une alternative efficace et sûre.
L’Inra, en partenariat avec l’IFV, a développé un certain nombre de variétés résistantes, dont plus de 30 sont en cours d’étude en vue de leur inscription au catalogue. Les essais menés par l’Inra et l’IFV attestent aujourd’hui que l’utilisation de ces variétés conduit à une diminution du nombre de traitements de près de 90% par rapport aux pratiques usuelles. Néanmoins, il est de la responsabilité de l’ensemble des parties prenantes de la filière de rendre ces résultats, particulièrement spectaculaires, à la fois durables et porteurs de nouveaux modèles de viticulture respectueux du travail des vignerons, de leur santé, de celle des consommateurs et de l’environnement.
Pour étudier la durabilité de ces résistances (1) et le comportement des variétés résistantes en grandeur réelle, l’Inra et l’IFV ont mis en place un observatoire national du déploiement des cépages résistants (OsCaR). C’est dans le cadre de ce dispositif que les viticulteurs et les interprofessions s’engagent aujourd’hui, en signant une convention de collaboration.
Assurer une coordination régionale du déploiement des variétés résistantes
Cet observatoire OsCaR est un outil de recherche participative, d’acquisition de références, de surveillance biologique du territoire et de partage d’expériences à l’échelle nationale. Les viticulteurs et les caves coopératives adhérents qui implanteront les variétés résistantes s’engageront à rendre accessibles les parcelles implantées pour que les chercheurs puissent observer les éventuelles évolutions des populations de pathogènes, évolutions potentiellement responsables de la perte d’efficacité des gènes de résistance. OsCaR est un dispositif inclusif qui concerne toutes les variétés, qui revendiquent une résistance au mildiou et à l’oïdium, dont les variétés d’obtention Inra.
Le régime d’autorisation de plantation des vignes à raisin de cuve, à travers le dispositif du classement temporaire qui accompagne la mise en œuvre d’expérimentations chez les viticulteurs, constitue une opportunité pour raisonner collectivement le déploiement des variétés résistantes au mildiou et à l’oïdium. Dès lors, dans le respect des dispositions du classement temporaire, les interprofessions s’engagent à inclure toutes les parcelles candidates à la plantation dans le dispositif OsCaR et à en suivre les évolutions avec les chercheurs. Cet engagement implique également la prise en charge de tout ou partie des frais engendrés par d’éventuelles pertes – surcoûts des producteurs suite à des contournements de résistance constatés nécessitant des interventions.
L’Inra et l’IFV, avec l’appui d’Agri Obtentions, s’engagent collectivement à instruire les demandes d’inscription des variétés, et à fournir des plants de qualité en termes d’identité génétique, de qualité physiologique et sanitaire. L’Inra assurera un suivi de la mise en œuvre et une capitalisation des retours d’expérience des déploiements régionaux au bénéfice de l’ensemble des viticulteurs français.
L’objectif de cette stratégie pour une viticulture durable et de qualité est de créer les conditions pour un déploiement aussi rapide que possible des innovations sur le terrain, tout en étant vigilant vis-à-vis du risque de contournement des gènes de résistance. Ce déploiement sera favorisé notamment par ce partenariat avec les organisations interprofessionnelles et les viticulteurs engagés dans cette démarche. L’Inra rappelle son engagement fort pour apporter à la viticulture française des solutions nouvelles, solides et durables et relever ainsi le défi d’une production de qualité, et faiblement consommatrice de produits phytopharmaceutiques, en cohérence avec les ambitions du plan Ecophyto.
(1) Une résistance est dite durable « lorsqu’elle reste efficace dans une variété cultivées sur de grandes surfaces, pendant une longue période de temps, et dans des conditions favorables au développement de la maladie »(Johnson, 1981).Pour évaluer la durabilité des résistances