Bios ou pas bios ? juillet 2010.
La définition du vin bio n’est pas encore pour demain. L’Europe n’en finit pas de différer la législation sur le sujet, tentant laborieusement de trouver une colonne vertébrale commune aux pratiques déjà en vigueur, et incapable de s’accorder sur le pourcentage de SO2 autorisé. Soufre ou pas soufre, le plus petit dénominateur commun aurait-il un sens ? Il n’est pourtant pas si loin le temps où les dégustateurs et amateurs de vin étiquetés comme tels faisaient une moue hautaine et dédaigneuse à l’évocation des vins « issus de l’agriculture biologique » (les mêmes en général qui ne reconnaissaient pas aux rosés le statut de vin).
Ils laissaient même accroire que les chevelus post-soixante- huitards qui s’étaient lancés dans cette production par conviction, peut-être pour accompagner leurs fromages de chèvres, ne sauraient jamais faire de vin car ils venaient de la ville. Il n’y avait qu’un pas. Aujourd’hui fleurissent régulièrement des dossiers sur le sujet dans la presse dite sérieuse et spécialisée et l’on constate la participation des dégustateurs les plus renommés aux concours de vins bios qui se multiplient comme les coquelicots dans un champ sans pesticides. La loi du marché est passée par là.
Les enseignes de la GD font désormais les yeux doux aux producteurs bios pour bénéficier d’un « appro » suffisant et répondre à la demande alors qu’ils boudaient ostensiblement la catégorie. « Si tous les producteurs se disant en conversion mettent leurs vins sur le marché, on risque de se retrouver avec plus d’offre que de demande si celle-ci n’explose pas rapidement» nous déclarait récemment un metteur en marché inquiet.
Plus de sourcing permettrait néanmoins de choisir les meilleures qualités. Reste à savoir si le consommateur est prêt à payer au juste prix un vin coûtant plus cher à produire. Sans doute si il acquiert la certitude que c’est un réel bénéfice pour sa santé (avant même d’être sensible à l’argument pour la planète). La polémique n’est pas faite pour rassurer les consommateurs qui devront, en attendant des points de repère fiables, juger du bon ou pas bon dans le bio ou pseudo bio, et au cas par cas…au même titre que les autres vins.
RVI 3880 – Juillet 2010.