Bio motivé ou désespéré – décembre 2010
Bios ou pas bios, bons ou pas bons, le débat à l’approche du prochain salon Millésime Bio, n’en est plus là (voir l’édito de juillet-août). Certes, il n’y a officiellement pas de « vins bios » puisque la transformation de la matière première n’est toujours pas labelisée, la discussion européenne étant enlisée sur des chemins plus ou moins sulfités. Mais le défaut de définition claire et harmonisée n’empêche pas la catégorie de progresser plus vite qu’un cheval lancé au galop entre deux rangs de vigne. En 2009, les raisins bio représentaient 5 % du vignoble total (et près de 40 000 ha)… mais au regard des taux de croissances à deux chiffres des exploitations en conversion, l’objectif Barnier de 10 % en 2012 sera sans doute dépassé.
Au-delà des questions d’élaboration vont bientôt émerger les problématiques du marché. Aujourd’hui plutôt bien valorisés car de plus en plus courtisés par la GD en quête de volumes, les vins bios ne vont-ils pas voir demain leurs prix s’effondrer quand les cuvées déborderont de raisins bios ?
Le surcoût de production pourra-t-il être encore répercuté sur la bouteille lorsque les vins espagnols et italiens, moins coûteux à produire, viendront faire la danse du bio aux acheteurs de l’Hexagone ? Faudra-t-il faire la différence entre ceux qui se sont « mis au bio » par conviction et ceux qui ont joué l’opportunisme pour trouver de nouveaux débouchés à leur vrac ? Le marché reconnaîtra sans doute les siens, puisse la qualité être la seule règle et peu importe la motivation pourvu que l’on maintienne la valorisation et que notre environnement en profite.
RVI 3884 – décembre 2010.