Home»Régions»L’Alsace face au défi des petites récoltes

L’Alsace face au défi des petites récoltes

0
Shares
Pinterest Google+

La baisse des volumes depuis trois ans oblige les opérateurs à repenser leur positionnement sur les différents marchés. L’export, plus rémunérateur, mais qui nécessite des moyens commerciaux importants, constitue une cible privilégié.

« Le vignoble alsacien traverse une période délicate » reconnaît Jean-Louis Vezien, le directeur du comité interprofessionnel des vins d’Alsace. « Malgré un léger sursaut en 2015 avec 1,03 million d’hectolitres, le vignoble alsacien a enchaîné une troisième année de faible récolte, ce qui n’est pas sans conséquence sur l’économie de la filière. » La raréfaction des volumes se traduit par un net ralentissement des échanges, en recul de 3 % sur 12 mois (à fin septembre), avec une amplification ces derniers mois. Le manque de disponibilité a amplifié la hausse des prix des vins, au plus haut à 2,50 €/l en riesling, 3,24 € en pinot noir et 4 € en gewurztraminer, le cépage le plus demandé. « La tension est d’autant plus importante que les opérateurs sont écartelés entre une succession de petites récoltes et des temps d’élevage qui, eux, ont tendance à augmenter, en vins tranquilles comme en crémant » relève Jean-Louis Vezien.

Les opérateurs commerciaux doivent se résoudre à abandonner certains débouchés. « La grande distribution, qui pèse encore pour beaucoup dans les ventes de vins d’Alsace, n’est pas encline à accepter les hausses de prix rendues nécessaires par la  hausse  des prix  de base des vins d’Alsace » note Patrick Aledo, le directeur général de la Cave de Beblenheim, au nord de Colmar. « Être plus présent à l’export (27 % “seulement” des ventes de vin d’Alsace, N.D.L.R.) permettrait de diluer les risques. Mais tout le monde n’en a pas les moyens » observe-t-il.

Continuer de développer l’export « Comme souvent quand il y a une crise, ce sont souvent les extrêmes, les vins d’entrée de gamme et les grands crus qui peinent le plus » souligne Frédéric Raynaud, le directeur général de la Cave des Vignerons de Pfaffenheim et des Domaines Dopff Irion. « En entrée de gamme, l’Alsace est concurrencée par d’autres origines plus compétitives en prix ; et en haut de gamme, on dépasse des tarifs psychologiques, avec une catégorie Grand Cru qui n’est pas toujours comprise à l’export » explique le dirigeant, qui œuvre à développer les exportations de sa cave (50 % du CA aujourd’hui). Les crémants, eux, tirent plutôt bien leur épingle du jeu avec des ventes positives sur 12 mois (+ 0,8 % contre – 4,8 % aux vins tranquilles). En outre, la filière dispose de stocks disponibles avec 500 000 hl, soit l’équivalent de deux ans de commercialisation.

Le vignoble alsacien a bien tenté de trouver des solutions techniques au manque de volume. Mais la demande des viticulteurs de pouvoir augmenter les rendements de 80 à  82 hl/ha a été retoquée par l’INAO. Quant aux metteurs en marché, ils n’ont pu encore obtenir de révision du cahier des charges qui leur permettraient de vendre en BIB®. Pour développer la notoriété des vins d’Alsace en dehors de leurs frontières, l’interprofession a  accentué ses efforts en matière de communication, « qui  représente entre  deux-tiers et 80 % de notre budget » précise Jean-Louis Vezien. Un tiers de ce budget a été investi sur des opérations de promotion en Europe et un autre sur les pays hors d’Europe, qui représentent moins de 10 % des ventes.

En  outre, les caves qui le  peuvent investissent, en  promotion mais  aussi en production, afin de proposer des vins à  la  hauteur au niveau qualitatif. La Cave de Pfaffenheim par exemple, après avoir investi 1 M€ en fin de ligne en 2014-2015 annonce un investissement de 1,5 M€ en 2016 en amont pour la vinification.

1er novembre 2015

Bruno Carlhian

Previous post

Wolfberger présente sa gamme de vins et crémants bio

Next post

Val de Loire, une nouvelle dynamique