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Dommage collatéral avec la Chine, le Cognac et l’Armagnac trinquent

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En réponse à l’imposition de droits de douane sur les véhicules électriques chinois par l’Union Européenne, la Chine impose, dès aujourd’hui, le 11 octobre, des droits additionnels de 35 %, en moyenne, sur les boissons spiritueuses européennes à base de vin et de raisin, notamment le Cognac et l’Armagnac. Les importateurs devront fournir des cautions équivalentes à ces droits.

L’appellation Cognac compte 245 Maisons de négoce, dont 97% de TPE-PME. La Chine constitue pour nombre d’entre elles leur premier marché, représentant pour certaines plus de 50 % de leur chiffre d’affaires. La menace pesant depuis le 5 janvier a déjà eu des effets pervers sur les expéditions des maisons et des vignerons. La mise en place de ces mesures va peser lourdement sur les ventes et la trésorerie des entreprises.

« La Chine est un marché historique et stratégique pour la maison Hine. Ces mesures ont malheureusement un impact immédiat pour notre PME. Notre importateur vient de suspendre une belle commande de deux containeurs qui devaient partir courant octobre. Il attend de mieux comprendre les cautions demandées, mais il sera probablement trop tard pour honorer nos engagements de Chinese New Year et nous risquons d’être délistés des grossistes et des comptes clés. La Maison Hine ne vend que du cognac et la Chine est notre marché prioritaire. Nous avons recruté des personnes qui travaillent depuis plusieurs mois sur des projets à destination de la Chine, les conséquences seront lourdes pour notre maison. Je crains aussi un effet domino dévastateur pour la filière et la région. » nous explique  Thibaut Delrieu, Directeur Général de la Maison Hine.

Ces taxes entraîneront nécessairement des fermetures de sites industriels en Charente, où l’industrie représente 25 % des emplois privés, soit une part supérieure de 10 points par rapport à la moyenne française, avec des conséquences sociales majeures.

« L’impact des mesures va être important voire dramatique. Les réductions d’effectifs sont inévitables. Chez nous 50 personnes sur 90 dépendent directement et indirectement de ce marché. Les budgets R&D, formation, transition environnementale vont devoir être gelés. 15 ans d’implication territoriale pour finir sacrifié et abandonné des pouvoirs publics :  c’est le sentiment exprimé par mes collaborateurs. J’ai peur d’en arriver à le partager »…  nous confie Jean-Pierre Bernadet, Président de l’entreprise Bernadet, décor verrier.

Les Maisons de Cognac sont présentes dans plus de 150 pays dans le monde, mais aucun marché ne peut se substituer du jour au lendemain à la Chine, qui représente 23 % de nos expéditions en volumes et 38 % en valeur.  Aucune aide ne permettra de compenser la perte de ce marché.

« Notre Maison a investi très fortement depuis des décennies pour se développer en Chine, qui représente une part essentielle de nos volumes et de notre valeur. Il est certain que nos importateurs vont tirer les conséquences des taxes chinoises et réduire très rapidement leurs importations de cognac. Cela remet en question ces années d’efforts et d’investissement. Le cognac est et reste notre cœur d’activité.  Aucun de nos autres marchés ne pourra compenser les pertes sur la Chine. Le gouvernement semble oublier que le Cognac n’est pas qu’un produit d’exportation, c’est un fleuron de notre patrimoine et le fruit du travail de centaines de petites maisons. » Charles Boinaud, de la Maison Boinaud.

L’activité des Maisons de Cognac et des 4 000 viticulteurs de l’appellation génère 72 500 emplois en France, dont 30 000 en Charente et Charente-Maritime. L’ensemble des activités soutenues par la filière sera significativement affecté par l’imposition de ces droits : au-delà des Maisons de cognac, des viticulteurs et de leurs salariés, ce sont les distillateurs, les fournisseurs de matières sèches (verres, cartons, etc.), tonnelleries, chaudronneries, vendeurs de matériels agricoles, transporteurs, prestataires de services et entreprises de travaux, soit plusieurs centaines de TPE-PME, qui seront impactés.

Même son de cloche en Armagnac, chez Castarède : « des palettes de notre Armagnac étaient prêtes à partir en Chine mais à l’annonce des nouvelles taxes, nos clients ont annulé les commandes, nous sommes pris en otage » nous confie Florence Castarède.

Cet article a été publié le 11 octobre 2024.

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