Indices WineDex en 2011 : le vin surperforme largement la Bourse.
Face aux performances catastrophiques de la Bourse en 2011, le vin a, cette année encore, tenu son rôle de valeur refuge. Pour autant, les prix des grands crus bordelais marquent le pas.
Les détenteurs de portefeuilles actions le savent, 2011 aura été une année déplorable pour la Bourse. La tourmente financière dans laquelle plusieurs états ont été entrainés l’été dernier a eu pour effet une chute vertigineuse des indices au cours du mois d’août.
La confiance n’est pas revenue, et le CAC 40 a terminé l’année 2011 à -17,76%. Et pendant ce temps, sur le marché des grands crus ? Jusqu’à l’été, le marché des ventes aux enchères de vin a été porté par une demande soutenue, émanant d’acheteurs (particuliers et professionnels) avides de renforcer leurs stocks de grands vins de Bordeaux, de préférence présentés dans leur caisse bois d’origine. Même si les acheteurs présents dans les grandes ventes étaient de nationalité française ou européenne, la destination finale de ces vins ne laissait aucun doute : l’Asie, et tout particulièrement la Chine ont tout au long de l’année concentré un flux entrant de vin absolument considérable, au point que Hong Kong est devenu la première destination des vins de Bordeaux à l’export (tous types de vente confondus).
Sur le marché spécifique des ventes aux enchères, la tendance était identique, et les indices WineDex d’iDealwine ont atteint, au cours de l’été 2011, leur plus haut niveau de l’année, avec une progression de 8.5% pour le WineDex 100 (l’indice composite qui comporte les principales valeurs de Bordeaux, Bourgogne et de vallée du Rhône), de 11.5% pour l’indice WineDex Bordeaux et de 9.1% pour l’indice WineDex Bourgogne. Les vins de la vallée du Rhône, moins recherchés par la clientèle asiatique, sont restés stables.
A l’issue de l’été, on a constaté sur le marché des enchères de vin un tassement, voire une amorce de recul du prix des grands crus bordelais. La dégringolade des bourses mondiales observée durant l’été est-elle seule à l’origine de cette tendance ? Certes, l’incertitude qui pèse sur l’état de l’économie des pays européen a sans doute eu pour effet de renforcer la prudence des acheteurs. Les professionnels notamment se sont montrés moins avides de constituer des stocks de grands crus dont la revente risquait de se révéler plus aléatoire. Ce comportement a entrainé une baisse des prix plus rapide, et plus brutale en Grande-Bretagne, marché ou les intervenants professionnels sont majoritaires dans les échanges.
A partir de septembre on a observé parallèlement plusieurs phénomènes : un intérêt croissant pour les grands vins de Bourgogne, flacons du domaine de la Romanée Conti en tête. Le corollaire a été une décrue d’intérêt pour les crus classés de Bordeaux. Certaines références, jugées chères et risquées à l’achat en raison de la multiplication des faux sur le marché chinois, ont été progressivement délaissées. La bulle spéculative observée sur les vins de Château Lafite est en voie de résorption, et les cours de ce premier cru classé de Pauillac, ainsi que ceux de son second vin, les Carruades de Lafite, ont enregistré une baisse significative, notamment sur les millésimes récents dont les prix avaient explosé depuis trois ans.
Par ailleurs, il semble probable que la concentration de vins expédiés à Hong Kong, ainsi que le nombre croissant de ventes aux enchères organisées dans cette même ville, suscitent à terme un effet de saturation. Et ce même si l’ancienne colonie britannique sert de point d’entrée au gigantesque marché chinois. L’heure de la saturation est-elle arrivée ? Une chose est certaine, même si son intérêt reste vif pour nos vins, et s’étend même à une gamme croissante de références, la clientèle chinoise n’achètera pas les grands crus bordelais à n’importe quel prix.
In fine, l’année 2011 s’est achevée sur une progression de 6,93% de l’indice WineDex100. L’indice WineDex Bourgogne est celui qui a enregistré la meilleure performance à + 8,51%. Les Bordeaux, en baisse depuis début septembre, ont tout de même terminé l’année sur une hausse de 7%. Le Rhône s’établit quant à lui à + 3,65%.