Succès de Vinexpo, la grand’messe du vin.
Après une morne édition 2009, plombée par la crise, plus de 40 000 visiteurs (cavistes, importateurs, restaurateurs, agents…) ont afflué au plus grand salon professionnel au monde consacré aux vins et spiritueux, Vinexpo, organisé à Bordeaux depuis 1981: 40.000 mètres carrés de stands de producteurs et de négociants venus de 47 pays. Ouf de soulagement, même si les habitués n’ont pas noté une affluence record, « compensée par des acheteurs très motivés », assure un responsable du groupe Castel, premier opérateur français du secteur et troisième mondial.
Et puis les Asiatiques tant attendus étaient au rendez-vous: nombreux les deux premiers jours, plus discrets par la suite. Pas un stand digne de ce nom sans un groupe de négociateurs chinois en train de parlementer autour d’une table de dégustation. L’Empire du Milieu, fantastique marché en perspective, en même temps que sérieux concurrent -en passe de doubler l’Argentine pour devenir le 6e producteur mondial- était au coeur des préoccupations. Dans le sillage des Bordelais, dont les primeurs s’arrachent à prix d’or à Pékin et à Shanghai, Bourguignons, Champenois, Méridionaux et étrangers misent sur ce « débouché » miracle en priant que ce ne soit pas un mirage. Car si la Chine attise les convoitises, les Etats-Unis restent le plus gros marché du monde (en valeur). « Or cela fait trois ans qu’ils n’achètent pas », s’inquiète un grand Monsieur de la place, Bernard Magrez -propriétaire de 37 domaines dans le monde, dont les crus classés Pape-Clément (graves), Frombrauge (saint-émilion) et Tour-Carnet (haut-médoc).
Tendances 2011: vins de cépage, vins faiblement alcoolisés, champagnes peu dosés
Entre optimisme et prudence, les 2 400 exposants (français en tête -plus de la moitié- puis italiens -en augmentation de 20%- espagnols, portugais, chiliens, argentins, allemands et américains) ont tenté de séduire des acheteurs de 135 pays, profitant d’un secteur en croissance. La consommation de vins et de spiritueux a en effet augmenté de 4,5% de 2005 à 2009, et devrait encore croître de 3,18 % d’ici à 2014, portée par les Etats-Unis, la Chine et la Russie. Mieux encore, le chiffre d’affaires mondial progresse deux fois plus vite en valeur qu’en volume!
Quelque 70.000 bouteilles ouvertes pendant ces cinq journées de grand-messe, à Bordeaux, auront permis aux professionnels de se faire un avis sur les nouvelles tendances: le grand retour des vins de cépage, des vins faiblement alcoolisés, des champagnes peu dosés et des cibles clairement identifiées, les jeunes et les femmes.
Pour Robert Beynat, le directeur général de la manifestation, « Vinexpo reflète le mouvement de concentration dans la distribution, accéléré par la crise. Il existait plus de 300 distributeurs régionaux aux Etats-Unis, il y a vingt ans, ils sont tous passés sous contrôle de la Southern Miami. En Asie, le japonais Suntory a acheté le plus gros distributeur chinois, ASC. En France, Castel a repris Barton & Guestier, et les familles Jeanjean et Laroche se sont regroupées pour constituer AdVini. « Pourtant, le nombre de stands ne faiblit pas… » La production est en constante augmentation dans le monde, tous les jours de nouvelles sociétés voient le jour. Chaque année, on refuse plusieurs milliers de mètres carrés de stands ». Il assure ne pas vouloir agrandir le salon biennal « par pitié pour les jambes des visiteurs », qui ont pu cette année rationaliser leurs déplacements dans le labyrinthe bachique grâce à une application de géolocalisation sur leurs téléphones mobiles. Le marché du vin n’a pas perdu ses repères…
Juin 2011