Le port du Havre voit passer de plus en plus de conteneurs de vins et spiritueux. En 2011, le premier port mondial d’import-export de vins en bouteilles (800 M par an) a enregistré une hausse du trafic de vins en tonnage de 14 %, (de 16 % pour le champagne), le vrac représentant une faible partie des expéditions.

Ces performances s’expliquent par la progression de l’exportation, qui représente à elle seule 80 % du trafic. « La zone Amérique du Nord reste la première destination, détaille Hervé Cornède, directeur commercial et promotion du Grand Port Maritime du Havre. Mais la zone Asie est incontestablement celle qui se développe le plus rapidement. » Les chiffres par destination ne sont pas encore connus pour 2011, mais ceux de 2010 donnent une idée de la tendance : les expéditions ont progressé de 112 % vers la Chine (dont 30 % sur Hong Kong, porte d’entrée principale du marché) et de 52 % vers Singapour.

Cette croissance s’est accélérée cette année, confirme l’un des principaux logisticiens français du secteur, le groupe Balguérie, qui annonce une progression de 50 % depuis deux ans de son trafic vers la Chine. Toutes les régions françaises et tous les types de produits sont concernés par l’engouement asiatique, avec une hausse globale en valeur de 121 % des expéditions des bordeaux, de 77 % des bourgognes, 71 % du cognac…

La tendance a conduit les autorités portuaires à resserrer leurs liens avec les quelques logisticiens spécialisés en France (moins d’une dizaine) et avec les importateurs chinois.

Pour la deuxième année, le Port du Havre a ainsi présenté son offre de services dédiés, en compagnie des principaux prestataires, lors de la Hong Kong International Wine and Spirit Fair en novembre dernier. Il a mis en avant ses 55 entrepôts dédiés au stockage (1,8 M m2), les services offerts par les transporteurs spécialisés comme les conteneurs aux normes alimentaires, les conteneurs sous température contrôlée, les possibilités de groupages… Un enjeu important pour le Port, le trafic aérien se révélant très concurrentiel dans le transport des grands crus. Les autorités portuaires ont également mis en avant les facilités administratives et douanières sur place, comme la dématérialisation des procédures, l’importation en franchise de TVA, la dématérialisation du visa de sortie de l’Union Européenne, la libération en temps réel des cautions sur la circulation des produits soumis à accises et revendique un temps de dédouanement inférieur à 8 minutes en moyenne.

Le Havre, certifié par ailleurs Iso 28000, s’appuie, dans ses relations avec le monde du vin, sur des connexions terrestres régulières assurées par navettes “Wine Shuttles” ferroviaires ou fluviales dédiées, à partir des principaux centres de production français et sur neuf plates-formes fluviales implantées en région parisienne. « Raconter à un importateur chinois que le vin français qu’il a acheté a longé la Tour Eiffel en descendant la Seine, c’est le genre de détails qui ne le laisse pas insensible ! » fait remarquer Hervé Cornède.

RVI 3896 – mars 2012