La presse agricole se penche sur son jeune lectorat.
Le congrès du Syndicat de la presse agricole, rurale et cynégétique (SNPAR) s’est déroulé à la Maison des agriculteurs à Reims les 9 et 10 juin. Il était organisé par La Marne Agricole qui a reçu à cette occasion une soixantaine de directeurs de journaux venus de toute la France Lors du conseil d’administration du 10 juin qui a suivi l’assemblée générale, Jean-Luc Berthomé, directeur de Terres de Bourgogne, a succédé à Paul Pen (directeur du Paysan Breton) à la présidence du SNPAR.
Les attentes spécifiques des jeunes agriculteurs en matière d’information professionnelle ont fait l’objet d’une étude confiée à la société WSA. Son pdg, Pascal Bluteau, était présent pour la présenter.
Les jeunes exploitants interrogés lors de tables rondes ont un lien très fort avec leur métier, la terre, la proximité avec la nature et le travail du vivant. Leur statut de chef d’entreprise est valorisant, ils apprécient d’être leur patron et la gestion autonome de leur temps de travail.
Ils ont en revanche une difficulté à se projeter dans l’avenir et manquent de lisibilité. Le secteur est en crise, les revenus baissent et les contraintes environnementales sont chaque jour plus pesantes. Ils ont la volonté de préserver une image positive d’eux-mêmes alors que la profession est parfois mal aimée, attaquée. Cette image dégradée de l’agriculteur, ils n’en endossent pas la responsabilité qu’il rejette sur leurs aînés pour qui l’environnement n’était pas une priorité.
Les jeunes agriculteurs se tiennent à distance des institutions, des discours officiels formatés et revendiquent la liberté de penser. Mais ils ont besoin de faire partie de collectifs de pairs de classe d’âge pour échanger, prendre du recul.
Leur enjeu économique majeur est de vivre de leur métier, d’assurer la rentabilité économique de leur exploitation. Ils gèrent à l’économie, cherchent à baisser les coûts de production, veulent se diversifier et trouver des débouchés. Leur intérêt pour les nouveaux modes de valorisation du patrimoine (photovoltaïque, méthanisation, tourisme, bio, vente directe…) est fort. Ils ont compris que l’enjeu environnemental va devenir de plus en plus présent et envahissant, et les relations avec les néoruraux peuvent être tendues.
Les obligations administratives sont perçues comme croissantes et pesantes. Ils revendiquent la normalité dans leurs loisirs et vie de famille et ne sont plus dévoués corps et âme à la ferme, comme hier.
En fait, ce sont des hommes et femmes comme les autres, mais avec plus de contraintes et le sentiment d’être parfois des boucs émissaires facilement désignés.
Photo : R.C.
Le bureau nouvellement élu.
Deuxième en partant de la droite, le nouveau président du SNPAR Jean-Luc Berthomé avec à ses côtés Frédérique Carton (présidente de la section de la presse agricole nationale).
En matière de médias, les jeunes agriculteurs privilégient la télé et la radio et ont fortement développé l’usage d’internet. Ils ont tendance à délaisser la presse grand public au profit des médias audiovisuels ou du web. Internet a modifié en profondeur les modes d’accès à l’information en s’accaparant des territoires hier dévolus au papier. Mais ils restent attachés à la presse agricole professionnelle et syndicale. Ce qui ne les empêche pas de multiplier les sources d’information.
Les jeunes expriment de fortes attentes. Dans un univers économique et financier incertain, la presse doit donner des idées, des informations, pour être réactif, anticiper et prévoir. Ils cherchent des témoignages, des informations pratiques, des idées… Face à l’envahissement des tâches administratives, la presse a une valeur de service forte : alertes juridiques, démarches, calendriers, conseils, organisation efficace.
Attentions aux coups de griffes. Les jeunes veulent une presse agricole qui leur donne une image moderne et reprochent à la presse départementale d’être au contraire parfois ringarde dans sa maquette, sa mise en page et son traitement de l’information.
Enfin, ils demandent plus de réactivité et se montrent défiants à l’égard des discours idéologiques et commerciaux. Les plus jeunes pourraient donner la priorité à l’information sur internet.
Les éditeurs sont prévenus. Pour attirer les jeunes agriculteurs, il va falloir dépoussiérer et faire un vrai travail d’information et de proximité.
La Presse Agricole et Rurale est regroupée au sein du Syndicat national de la Presse Agricole et Rurale (SNPAR). Elle compte 145 titres dont :
– 85 journaux à diffusion départementale et régionale
– 45 publications à diffusion nationale
– 15 publications cynégétiques
32 millions d’exemplaires sont diffusés par an, uniquement sur abonnement.
500 journalistes y travaillent régulièrement.
Richard CREMONINI – article publié dans la Marne Agricole et mis à la disposition des adhérents du SNPAR.
Juin 2011