Indonésie : changement de règles.
En Indonésie où le taux de croissance dépasse 6 %, le marché des vins et spiritueux est en pleine mutation. Le système de monopole empêchant les importations a disparu en 2010. Il reste toutefois des contraintes : l’obligation de passer par des importateurs agréés et le respect d’un quota maximum d’importations.
Mais la demande est là : « ll y a 16 importateurs agréés et tous demandent de nouveaux fournisseurs » souligne Carole Cunisset, directrice de la mission économique Ubifrance en Indonésie. En 2010, le volume des vins français atteignait environ 960 hl et les spiritueux 16 hl. Mais « une certaine partie des importations transite par Singapour, Hong Kong, voire Tokyo. Selon les importateurs, les statistiques indonésiennes sur les boissons alcoolisées sont à ce point approximatives qu’elles refléteraient seulement la moitié du marché » surenchérit Carole Cunisset.
Les taxations et réglementations ajoutent au flou des chiffres car elles entraînent de l’importation illicite. Cependant, le marché s’avère attractif : malgré les 85% de population musulmane qui ne consomme pas d’alcool dans ce pays de 238 M d’habitants, il faut prendre en compte la demande croissante des Indonésiens des classes supérieures, des Chinois (5 % de la population), des expatriés, et de 7 M de touristes par an. La distribution passe par des circuits spécialisés, la vente libre d’alcool dans les supermarchés étant autorisée dans quelques rares corners sous enseignes Hero et Ranch Market.
De consommation conviviale, généralement en dehors des repas, le vin est un produit valorisant. Les prix des vins français sont multipliés par trois en moyenne par rapport aux prix de vente en France. Les vins rouges sont les plus appréciés, notamment les bordeaux rouges (324 hl en 2010), mais également les champagnes (195 hl en 2010), et les bourgognes (56 hl en 2010). Les chiffres des douanes françaises révèlent aussi 21 hl de vins IGP provenant de la communauté européenne. Peu de vins du Languedoc, du Beaujolais et de la vallée du Rhône, et aucun du Val de Loire ni d’Alsace en 2010.
Le volume de spiritueux se limite quasiment aux 13 hl de Cognac, mais c’est dix fois plus qu’en 2009. Le quota d’importation fixé en avril 2011 prévoit une quantité de 5,4 M l. pour cette année 2012. Principaux concurrents : l’Italie (113 hl en 2010), la Nouvelle-Zélande et l’Australie bénéficiant de la proximité. La modification de la taxation en 2010, plus favorable que la précédente, a donné des idées aux Australiens : « Pour contourner la taxation, ils vont importer du raisin congelé et le vinifier sur place ». Un marché où tout semble possible, mais Carole Cunisset recommande la précaution : « On ne s’impose pas facilement, il faut créer un vrai lien. Plus que les informations sur le marché, ce qui compte, c’est la mise en contacts avec les importateurs et les prescripteurs ».
Sophie Senty
RVI 3895 – février 2012