Hennessy, le roi du cognac.
Huit générations de Hennessy se sont passionnées pour le cognac et ont su faire de
la maison irlando-charentaise une des plus grandes marques mondiales de spiritueux.
L’histoire commence en compagnie des “oies sauvages”, le nom donné aux catholiques partisans de Marie Stuart, qui avaient choisi l’exil en intégrant la brigade irlandaise au service alors de Louis XV. Richard Hennessy s’y engage en 1748. Il a 24 ans. En 1756, il rejoint un oncle négociant à Ostende et apprend pendant neuf ans le commerce des eaux-de-vie achetées en France pour être revendues en Angleterre et en Irlande. Il tombe alors amoureux de la région charentaise qui fournit une eau-de-vie au succès croissant en Irlande, suite à la crise céréalière qui a mis à mal les stocks de spiritueux locaux.
Il fonde en 1765 sa première maison de commerce avec deux compatriotes et s’installe avec sa jeune épouse irlandaise rue des Cordeliers. Il comprend vite que la demande tend de plus en plus vers des produits de qualité, bien distillés et vieillis, ce qui est loin d’être la norme à l’époque. Il développe ensuite sa maison avec un autre associé irlandais et commence à livrer à la cour des eaux-de-vie de plus de 10 ans. En 1784, son fils aîné, James, rentre dans une maison déjà réputée qu’il va hisser parmi les premières de Cognac. La maison devenue Hennessy & Fils s’associe à Samuel Turner, négociant irlandais, pour étendre son réseau d’affaires.
Outre un indéniable génie commercial, James est aussi fin diplomate. Il soutient la Révolution en s’engageant dans la garde nationale de Cognac et en 1791, il devient propriétaire foncier en achetant un bien national, le couvent des Cordeliers, et trois maisons attenantes. Il exporte toujours ses produits en Angleterre, le premier débouché de la maison (les deux tiers des expéditions), et même en Amérique via le port neutre d’Hambourg. En 1795, il épouse Marthe Martell, la fille du plus puissant négociant de cognac. En 1813, il se sépare de son associé et la société est rebaptisée Jas Hennessy & Co, avec pour logo un bras armé, partie des armoiries de la famille, toujours sur les bouteilles.
Le XIXème siècle voit la consécration d’Hennessy qui devient le principal fournisseur des cours d’Europe, d’Angleterre, de Russie… James se lance en politique et est réélu six fois député de Charente. C’est son fils Auguste qui offre à son épouse en 1840 le château de Bagnolet. Avec son frère Frédéric, il dirige la maison qui prospère grâce au traité de libre-échange signé en 1865 avec l’Angleterre. À cette époque, près de 90% des expéditions partent outre-Manche, une partie étant réexportée. Quinze ans plus tard, Hennessy représente une bouteille sur quatre vendue à l’international (les expéditions en fûts seront définitivement arrêtées en 1911) et les étiquettes, lancées au milieu du XIXème siècle, commencent à se généraliser. à la fin du XIXème, la maison est devenue le leader cognaçais.
La quatrième génération, Maurice, neveu d’Auguste, arrive aux commandes. C’est lui qui a l’idée d’expliquer en 1865 les différentes catégories par des étoiles. Après la crise du phylloxera, Maurice finance avec son fils James les essais de nouveaux cépages comme l’ugni blanc. La maison envoie des agents en Australie, en Afrique, en Amérique latine puis au Japon et en Chine. Les ventes croissent aux États-Unis jusqu’à la première guerre mondiale. Ce marché finira par supplanter le débouché anglais historique après la deuxième guerre mondiale. La sixième génération, Maurice, poursuit l’expansion internationale avec ses deux cousins, Patrick et Killian, cogérants depuis 1945. La septième génération crée en 1947 le flacon galbé de XO, le nom inventé par la maison en 1870 et déposé comme marque. En 1971, Hennessy, pour assurer sa pérennité, s’unit à Moët & Chandon, donnant naissance au groupe Moët Hennessy, puis aux parfums Dior et au maroquinier Louis Vuitton pour devenir, en 1987, LVMH, premier groupe mondial du luxe.
La maison va passer de 500 000 caisses en 1960 à plus de deux millions vingt ans plus tard. Deux Hennessy sont encore chez LVMH : Gilles, vice-président de Moët Hennessy et Maurice-Richard, ambassadeur de la marque dans le monde. Hennessy a très tôt compris l’intérêt de la publicité dès le tournant du XXème siècle avec comme slogan “Jas Hennessy & Cie, la première marque”, “Hennessy, The spirit of success”, ou encore “le nom qui fait le renom de cognac”. Elle commande des pubs dessinées par des artistes parisiens, fait paraître des articles promotionnels dans les grands journaux britanniques, vantant d’abord les vertus médicinales du cognac puis l’art de vivre, la mode, le luxe, la présence de la marque dans les palaces et sur les paquebots transatlantiques… La maison est mécène depuis plusieurs décennies du monde de la littérature et de la musique, puis de manifestations sportives (rugby, polo, curling, voile alpinisme…).
Les Quais Hennessy, conçus par l’architecte Jean-Michel Wilmotte en 1996, encouragent de jeunes talents des arts plastiques et accueillent plus de 8 000 visiteurs par an.
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Septembre 2012