Directeur des vignerons ardéchois et président d’InterVins Sud-Est, Denis Roume est un ardent défenseur de la coopération, des vins d’Ardèche et désormais de Méditerranée.

RVI : Comment a évolué la coopération en Ardèche ?

D.R. : Nous sommes nés d’un mouvement coopératif comme beaucoup dans les années 60 favorisé par le besoin de restructuration du vignoble et aidé par les subventions communautaires pour investir et regrouper l’offre. À l’époque, nous étions plus de 25 caves du Sud de l’Ardèche qui se sont regroupées progressivement.

Nous étions encore une vingtaine il y a deux ans, bientôt regroupées en sept ou huit par zones homogènes. Nous avons dès le départ fait le pari de l’apport total pour mutualiser les moyens, les efforts et surtout les risques commerciaux alors que nous faisions principalement du vrac à l’origine. L’apport total implique un vrai devenir collectif ; c’est par exemple grâce à ça que nous avons signé le contrat chardonnay dès 1979 puis viognier en 2002 avec Latour, un autre contrat chardonnay en 2000 avec Kriter-Patriarche. Nous avons replanté des cépages à moindres volumes et plus faibles rendements, chardonnay, viognier, syrah, merlot, grenache, sans vraiment perdre en superficie et surtout avec la volonté de faire et de s’en sortir. Au bout de 40 ans, nous avons un fonds de roulement solide et le système est installé. Le management est toujours délicat mais mon angoisse aujourd’hui est surtout de voir arriver une récolte pléthorique qui nous obligerait à mettre en place des mesures de régulation ; heureusement, nous avons bénéficié de plusieurs petites récoltes. De toute façon, les accords entre producteurs et metteurs en marché deviennent de plus en plus indispensables ; c’est une sécurité des deux côtés et le système coopératif s’y prête particulièrement.

Novembre 2010

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