Propriété de la famille Lévêque depuis près d’un demi-siècle, le château de Chantegrive, en AOC graves, produit 340 000 bouteilles de vin rouge (dont 100 000 pour Le Benjamin, qui est le second vin) et 185 000 bouteilles de vin blanc, dont la cuvée Caroline, créée en 1989 (65 000 bouteilles).

Des volumes qu’il n’est pas facile de commercialiser, même si la famille est très impliquée dans la filière : Henri Lévêque, puis son fils François, ont longtemps été présidents des courtiers et Françoise Lévêque a présidé le syndicat des Graves. Côté négoce, Frédéric de Luze, président de LD Vins, a épousé une fille Lévêque. « Nous travaillons avec une quarantaine de négociants de la place de Bordeaux, mais nous réalisons près de 40 % de notre CA avec LD Vins. Frédéric de Luze a notamment l’exclusivité pour la GD en France, ce qui permet de maintenir les prix car il n’y a pas d’offre concurrente » explique Hélène Lévêque qui gère la propriété.

Chantegrive exporte 40 % de sa production, mais pas question de confier son vin à des négociants sans avoir un regard sur le suivi. « Il est important que les producteurs sachent où va leur vin pour l’accompagner sur les marchés lors d’opérations promotionnelles, puisque nous ne vendons pas directement, et les négociants sont de plus en plus ouverts à ces partenariats. En octobre, nous étions chez Cora, en Belgique, avec Yvon Mau et en novembre nous avons participé à une opération organisée par Salin chez Colruyt, toujours en Belgique » ajoute Hélène Lévêque.

Aux États-Unis, quand Diageo a intégré Seagram, Chantegrive a été sorti des listings. LD Vins a joué les pompiers en passant un accord avec Palmbay pour l’importation exclusive du blanc soit un volume avoisinant les 20 000 bouteilles. « Nous choisissons nos négociants selon leurs spécialités et leurs implantations dans les différents pays. Pour le Japon, CVBG nous a fait référencer dans la chaîne de magasins Takashimaya, Nous testons actuellement Joanne aux États-Unis. Ulysse Cazabonne est bien implanté au Québec, où il a l’exclusivité de nos vins.

Duclos assure une partie des marchés français et américains. Nous travaillons avec certains négociants sur des cibles précises, comme avec Yvon Mau qui vend chaque année 300 caisses de blancs et 200 caisses de rouge dans les magasins Cora de Belgique pour les foires aux vins. »

Et la Chine, eldorado des vins de Bordeaux ? « Frédéric de Luze nous a mis en contact avec Lucky Horse, qui nous vend en exclusivité dans ses propres points de vente. Nous commençons cette année avec 2 400 bouteilles » précise Hélène Lévêque. Fin novembre, elle était au Japon avec le Conseil des vins des Graves et Pessac-Léognan pour la session « Food France Bistrot » initiée par Alain Ducasse. L’opération se déroule en cinq sessions, de juillet au janvier, dans deux restaurants étoilés de Tokyo et Osaka. Elle a drainé 6 000 clients en 2010. L’an prochain, cette VRP qui ne vend rien en direct ira au Brésil avec l’Union des Grands Crus. « Je participe à tous ses déplacements, auxquels se joignent de plus en plus souvent des négociants pour organiser des rencontres avec les importateurs. »

RVI 3895 – février 2012