CA Grands Crus, propriétaire de crus mais toujours banquier.
CA Grands Crus, pôle vins du Crédit Agricole, a désormais choisi d ’intervenir en soutien de propriétés familiales afin d’assurer la pérennité d’entreprises. Il a ainsi pris une participation de 18 % dans les vignobles Lurton afin d’injecter « de l’argent frais dans le développement de la société sans intervenir dans sa gestion, précise son DG Thierry Budin.
De plus en plus d’entreprises familiales vont être confrontées à des problèmes de trésorerie, notamment dans le cadre des successions et de transmissions. Nous avons décidé de les accompagner sur 6 à 12 ans afin qu’ils aient le temps de constituer un fonds de roulement.
Et cela ne peut se faire que sur une plus longue durée que les aides habituelles ». CA Grands Crus (environ 15 M€ de CA) reprend ainsi son activité de banquier alors qu’il était surtout devenu gestionnaire de châteaux après le rachat de quelques-unes des belles propriétés de Cordier Mestrezat en 2004. Il avait récupéré fin 2005 la gestion en directe de six châteaux : Grand-Puy Ducasse (Pauillac), Meynet (Saint-Estèphe), Rayne-Vigneau (Sauternes), Blaignan (cru bourgeois du Médoc), Lamothe Bergeron (cédé ensuite à la cave Hardy de Cognac) et Plagnac intégré au groupe Lapalu qui avait besoin de vin et dans lequel CA Grands Crus a également des intérêts.
La nouvelle équipe, avec pour directrice technique Anne Le Naour, a mis rapidement en place un repérage du potentiel des terroirs, en collaboration avec Denis Dubourdieu, afin de cerner les atouts et les faiblesses de chaque propriété et évaluer à 10 ans les investissements nécessaires. Il a abouti notamment à la restauration des palissages à Meynet, des replantations à Grand Puy Ducasse, la construction d’un site de vinification à Blaignan…
Des efforts commerciaux ont par ailleurs visé à l’internationalisation des ventes, les châteaux étant à l’origine à dominante française. « Nous avons davantage échangé avec le négoce bordelais et renforcé les équipes pour l’accompagner sur les marchés » précise Thierry Budin. Un brand ambassadeur a, par exemple, été embauché pour accompagner Meynet en Chine et resserrer les liens avec l’importateur chinois, le château étant alors le domaine le plus tourné vers l’international, devancé aujourd’hui par Grand Puy Ducasse grâce à l’appel d’air des grands crus classés notamment en Asie.
Pour Rayne-Vigneau, Thierry Budin a cherché des idées pour rajeunir l’image d’un vin, souvent méconnu : une bouteille 50 cl “pour deux” a été lancée il y a deux ans et pour la fin de l’année, le sauternes sera proposé dans un étui à champagne pour susciter l’achat cadeau. L’enveloppe globale représente 5 à 6 M€ d’investissements sur 10 ans.
« Nous avons d’autres actifs viticoles dans le groupe et on voudrait gagner en cohérence en les regroupant dans une même structure » explique Thierry Budin. D’où l’arrivée dans ce périmètre du château de Santenay (97 ha) en Bourgogne, du château de La Tour de Mons (58 ha) en Margaux et du château Saint-Louis la Perdrix (57 ha) en Costières de Nîmes. « Nous voulons faire en sorte que l’image des châteaux profitent un peu plus au Crédit Agricole, lui donner une image émotionnelle avec ces huit propriétés alors qu’auparavant, on n’en parlait pas. »
RVI 3898 – mai 2012