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Blancs de Bourgogne : une lune de miel à risque.

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De plus en plus de blancs et de crémants, de moins en moins de rouges. C’est l’une des évolutions marquantes des dernières décennies en Bourgogne. Elle a sans doute contribué à rendre la Bourgogne très attractive sur certains marchés. Mais la nouvelle donne internationale, avec la montée en puissance de l’Asie, pourrait changer la nature de la demande.

Le dernier millésime a enfoncé le clou. La production de blancs a battu un nouveau record en Bourgogne. Elle s’est établie tout près de la barre du million d’hl (970 000 hl, + 6 % par rapport à la moyenne sur 5 ans). Alors blanche ou rouge, la Bourgogne ?

Posée à des amateurs de vins français, la question se solde par une grande majorité de réponses “rouge”. Les dernières études menées sur ce sujet laissent apparaître que 70 % des consommateurs français de vin considèrent la Bourgogne avant tout comme un vignoble de rouge. La réalité est pourtant toute autre : la Bourgogne produit deux fois plus de blancs que de rouges. Plus de 62 % de la production bourguignonne est blanche contre 29 % de rouges (le reste en crémant). Simple anecdote sur la nécessité de faire de la pédagogie auprès de nos concitoyens ? Pas seulement. Les enjeux dépassent de loin les frontières hexagonales. La question est plus que jamais d’actualité : la Bourgogne pourrait bien se trouver en situation d’inadéquation entre son offre et la demande, particulièrement à l’export.

La tendance au “blanchiment” ne date pas d’hier. Elle s’est aussi largement confirmée au cours de la dernière décennie. « Entre 1999 et 2010, la production bourguignonne de vins blancs a progressé de 15 à 20 % » souligne Philippe Longepierre, à la direction du service économie du Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB). Nuits-Saint-Georges, Clos de Vougeot, Vosne-Romanée, Pommard, toutes ces appellations parmi les plus célèbres du vignoble sont bel et bien plantées en pinot noir.

Mais les valeurs montantes, en termes de volume, sont toutes blanches. L’observation des deux extrêmes géographiques du vignoble, sur les 15 dernières années, est sans appel. Au sud, les crus du Mâconnais – Pouilly-Fuissé, Saint-Véran, Viré-Clessé, etc. affichent une progression d’environ 25 % au global, l’ensemble représentant presque 2 000 ha de vignes. Au nord, la hausse s’inscrit dans le même ordre de grandeur mais cette fois sur une superficie d’environ 4 200 ha. C’est bien sûr le développement du vignoble chablisien qui est ici mis en avant. Le coeur même du vignoble n’échappe pas à cette tendance lourde. Plus modestes en superficie, les AOC villages de la Côte chalonnaise (Rully, Montagny, etc.) enregistrent de fortes progressions, autour de 30 %. « Hormis le Chablis qui bénéficie toujours d’une forte notoriété et a l’avantage d’être perçu par les consommateurs comme très accessible, y compris à l’apéritif ou hors repas, nous constatons une augmentation de la demande et de la notoriété pour les blancs du Maconnais, notamment pour leur bon rapport qualité-prix mais aussi parce qu’ils correspondent à différents moments de consommation, analyse Juliette Allain, directrice marketing de l’union de coopératives Blasons de Bourgogne. Le Bourgogne bénéficie de chardonnays septentrionaux faciles à boire qui ne saturent pas le palais et si l’on veut raisonner avec une vision globale France, nos grands blancs sont complémentaires des bordeaux avec une image de grands rouges. »

À ce blanchiment s’ajoute un autre phénomène, commun à l’ensemble de la région : la spectaculaire envolée de la production des crémants ces 15 dernières années. La progression est de plus de 350 % en Côte de Beaune et en Côte de Nuits, autour de 200 % dans le reste du vignoble. La production d’effervescents atteint aujourd’hui environ 8,5 % de l’offre de la région …

Lire la suite dans la RVI 3896 de Mars 2012

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