Christie’s vend à Hong Kong.
Depuis la levée des taxes à Hong Kong en 2008, l’île devient un centre incontournable du commerce des vins. « Les acheteurs dépensent le même montant, mais uniquement pour le vin, et donc gagnent en qualité, puisqu’ils ne s’acquittent pas de la taxe » indique Simon Tam, responsable Vins depuis l’an dernier de Christie’s Chine qui réalise un chiffre d’affaires de 90 M$US (73,4 M€ en 2011).
La société, créée en 1766, était implantée à Hong Kong depuis 1999 avant de s’étendre en Chine continentale en 2011 en recrutant un directeur marketing et un représentant à Sanghai pour mieux suivre la diversification de l’offre et l’intérêt des consommateurs.
« Les Chinois commencent par des vins connus ou recommandés par des amis ou des experts du monde viticole. Mais s’ils n’aiment pas le goût, ils ne rachèteront pas une deuxième bouteille » explique Simon Tam. Les connaissances sont de plus en plus diffusées dans les bars et les restaurants, par de nombreuses écoles de vins, et diverses publications spécialisées.
Simon Tam écrit d’ailleurs des articles sur le sujet, participe à des expositions, est membre de plusieurs comités consultatifs de l’industrie du vin, des ministères… Christie’s a récemment développé une application ipad “Flavour Colours” pour des associations simples des vins avec un goût, un plat mais également une saison, une humeur, un moment de consommation… afin de démystifier l’univers du vin.
« Les employés de Christie’s qui sont avant tout des passionnés, font énormément pour que le client soit de plus en plus éduqué. Les Chinois sont en tout cas avides d’apprendre. Une fois qu’ils connaissent un château, ils s’intéressent à un autre, puis à une région, à un pays. Si aujourd’hui, ils s’intéressent à la Bourgogne, ils se dirigeront ensuite vers l’Italie, la Nouvelle-Zélande… Mais ils n’abandonnent jamais le Bordeaux. » Latour, Lafite Rothschild, Petrus et Haut Brion restent particulièrement prisés.
La société cherche à développer ses relations avec les collectionneurs et amateurs de vins de différentes régions chinoises pour étendre son activité à terme à d’autres villes importantes comme Pékin et Shanghai. « L’Asie est le plus excitant des nouveaux marchés pour les vins fins et continue à croître avec l’intérêt des consommateurs » commente Simon Tam. La majorité des acheteurs de Christie’s sont originaires de Hong Kong, mais aussi de Chine, de Singapour, de Corée du Sud, du Japon… Les ventes aux enchères permettent de dénicher des millésimes anciens introuvables sur le marché.
Celle de “Fine and Rare Wines” de Christie’s en mai dernier à Hong Kong s’est élevée à 20 M$HK (plus de 2 M€) avec 100 % des produits vendus ; celle qui clôturait les ventes de printemps a atteint 16,8 M$HK (1,7 M€). Parmi les lots, 12 bouteilles du domaine de la Romanée-Conti 1988 ont été raflées par un acheteur privé asiatique pour 92 565 €. « Il n’y a pas de règle en matière d’achat de vin, conclut Simon Tam. Mais mieux essayer de ne pas trop se laisser influencer par les critiques qui ne peuvent pas préjuger du goût de chacun et qui font forcément monter les prix. »
Octobre 2012