Le vin de glace du Québec est menacé.
Une réforme du gouvernement fédéral pourrait empêcher les vignerons du Québec d’exporter leur vin de glace. L’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) souhaite imposer une série de règlements qui pourraient forcer les producteurs québécois à abandonner l’appellation «vin de glace».
L’Agence canadienne d’inspection des aliments a annoncé le 16 janvier par voie de communiqué qu’elle souhaite réglementer le vin de glace produit au pays. Selon cette nouvelle norme, seules les cuvées élaborées avec des raisins gelés naturellement sur la vigne auraient droit à l’appellation «vin de glace».
Or, la plupart des producteurs de vin de glace du Québec récoltent plutôt leurs raisins après la tombée des feuilles de vigne à l’automne. Ils suspendent ensuite les fruits dans des filets placés au-dessus des vignes jusqu’à la période de gel. Selon les vignerons, cette façon de faire ne change en rien la qualité de leurs produits.
«Ce qui est contesté par le reste du Canada, c’est notre fameuse mise en filet, explique le président de l’Association des vignerons du Québec, Charles-Henri de Coussergues. Pour des raisons climatiques, non pas parce que l’on manque de froid, mais pour des raisons de quantité de neige ou de buttage, on est obligé de faire différemment.
Les producteurs de vin de glace du Québec négocient depuis plus d’une dizaine d’années avec les vignerons des autres provinces afin de mettre en place une réglementation nationale des vins. Mais depuis deux ans, l’ACIA s’est emparée du dossier des vins de glace. Dans son communiqué envoyé hier, l’agence donne jusqu’au 14 février pour régler le dossier. Après ce délai, les cuvées élaborées au Québec ne pourront plus être commercialisées sous la mention «vin de glace».
L’Association des vignerons du Québec a convoqué une réunion d’urgence avec des représentants du Ministère de l’agriculture, des pêcheries et de l’alimentation (MAPAQ) et avec une responsable de la gestion de la qualité des produits à la Société des alcools du Québec (SAQ). Ils souhaitent demander au fédéral de prolonger le délai de 30 jours imposé par l’ACIA.
À la SAQ, on explique qu’«il est impossible de différencier un vin de glace élaboré avec des raisins gelés sur la vigne et ceux qui ont été coupés – comme au Québec». Au MAPAQ, on croit aussi que la méthode utilisée dans la province «n’altère à aucun moment la qualité du produit.»
Quant à l’Agence canadienne d’inspection des aliments, elle a indiqué ne pas être en mesure de répondre aujourd’hui aux questions de LaPresse.ca. Dans son communiqué, elle soutient toutefois que cette norme nationale «serait avantageuse pour les consommateurs canadiens, car elle empêcherait la vente de vin de glace frauduleux.»