1855 rattrapé par la justice.
Le bruit courait dans la profession depuis longtemps mais ces derniers mois, les actions en justice commencent à affluer contre le site 1855.com pour des vins payés mais non livrés. Depuis une dizaine d’années, le site s’est fait le spécialiste des bordeaux en primeurs, en particulier des grands crus classés. En 2006, la société est même introduite en bourse.
Mais les témoignages auprès des journalistes ou sur les sites internet commencent à déferler contre la société d’Émeric Sauty de Chalon de la part de clients mécontents de n’avoir jamais reçu les bouteilles commandées et ayant dû passer par un véritable parcours du combattant pour être remboursé dans le meilleur des cas.
1855 fonctionnerait en flux tendus, sans acheter des primeurs pour ne pas avancer de trésorerie et espérant trouver ensuite les vins sur le marché mais entre-temps, avec des millésimes comme 2005 et 2009, les prix se sont envolés et les bouteilles raréfiées. En 2011, la société a publié un résultat bénéficiaire de plus d’1 M€ et affiche sur son site que son objectif est « de bâtir la première marque mondiale de luxe dans la distribution de vins fins » et de « clairement marcher sur les traces d’Amazon.com en terme de qualité de service ». Elle avait également racheté ces dernières années les sites caveprivée.com et chateauonline.com.
Elle vient de réaliser une opération de recapitalisation qui garantirait, selon 1855, « que les derniers retards de livraison seront tous traités dans le temps » et devrait « permettre d’accélérer le développement du groupe, d’abord, en soutenant la croissance organique de l’activité Vins (…), ensuite, en saisissant des opportunités de croissance externe ». La société affirme même sur son site ne pas pratiquer de “vente à découvert”, précisant que « tous les bordeaux primeurs 2010 et 2011 sont bien achetés en permanence par 1855 ».
Quid des autres millésimes ? 1855 vient en attendant d’être condamné au civil à livrer à un particulier six bouteilles commandées en août 2009 (6 Lafite Rothschild 2008 à 195 € HT la bouteille et 6 Latour 2008 à 180 € pièce) sous astreinte de 50 € par jour de retard (et 500 € de dommages et intérêts). Un jugement similaire avait déjà été prononcé en mars dernier à Paris mais il n’avait pu être exécuté, la société étant déclarée alors insolvable et n’étant pas en mesure non plus de livrer les bouteilles commandées et payées. L’avocate bordelaise, Me Poulou, a reçu depuis le jugement de cet été des dizaines d’appels de France, d’Angleterre et d’Allemagne pour les mêmes motifs, certaines commandes de plusieurs milliers d’euros.
Selon cette avocate, ne association – Abus 1855, acronyme de Au bénéfice des usagers spoliés – vient de se constituer, le site est en cours de création. Une dizaine de plaintes sont actuellement à l’étude par le parquet de Paris. Une première audience est fixée au 27 septembre prochain. D’autres suivront sans aucun doute.
Septembre 2012