Eduardo Baamonde, DG des Cooperativas agroalimentarias espagnoles.
« Nous avions une consommation interne dans les années 1980 de 16M hl qui est tombé à 7M alors que la production était stable, autour de 40 M hl. Avec un nombre de consommateurs divisé par deux, il fallait réagir. Ce recul s’est heureusement accompagné d’une hausse des exportations de 4 à 16 M hl ; c’était indispensable pour s’en sortir comme dans les fruits & légumes et l’huile d’olive. Mais les coopératives viticoles espagnoles qui représentent environ 70% de la production ne représentent que 15% des ventes à l’export.
Le prix des exportations moyennes ne dépasse pas 1 € le litre. Les 613 coops viticoles qui représentent plus des deux tiers des volumes n’ont pas la capacité d’organisation pour fixer les prix. Il a donc fallu apprendre à connaître les filières de commercialisation dans les pays tiers. Avec les coûts de transport, la marge de manoeuvre est très faible. Les opérateurs peuvent aujourd’hui acheter une production de qualité à des bas prix qui ne couvrent pas les coûts de production et les producteurs n’ont pas de moyens de se défendre. Il faut surtout changer la façon de penser des coopératives. Nous avons fait beaucoup d’investissements en production mais également en communication, peu dans l’organisation économique et la commercialisation, il faut encore travailler à l’organisation économique.
Si nous améliorons les vignobles et les structures sans avoir les bonnes personnes pour vendre et défendre les prix, le revenu des viticulteurs restera insuffisant pour vivre. Dans la Mancha, nous avons payé les producteurs qui précisaient les destinataires de leurs vins pour qu’ils produisent ce qu’ils commercialisaient. Le projet Arte Vever (art de voir) a par ailleurs été mis en place pour améliorer le balisage du rayon et mieux présenter les vins récompensés aux concours. Ça a été un vrai succès.
Nous avons également étudié une marque collective de neuf groupes coopératifs de régions différentes pour une meilleure visibilité à l’export. »