Castel prépare sa première vendange en Ethiopie.
On retient de l’Ethiopie les images dramatiques de sécheresse et de famine. Pourtant ce pays de 88 millions d’habitants, dont la superficie représente deux fois celle de la France, abrite des paysages et des climats très diversifiés. Certains se prêtent d’ailleurs à l’implantation de la vigne. L’armée italienne, qui, sous Mussolini, a occupé le pays entre 1936 et 1941, avait déjà planté quelques hectares anecdotiques de vignobles aux alentours d’Addis-Abeba, et dans le Sud-Est du pays.
Mais en 2007, le gouvernement éthiopien et le négociant Castel ont lancé un projet d’une toute autre ampleur. Castel a en effet acquis 300 hectares de terre pour y planter un vignoble de 125 hectares. 750 personnes ont été embauchées dans la région pour la plantation et la création du domaine faisait l’objet d’un plan d’investissement de 8,4 millions de dollars (à parts égales sur la plantation et la construction d’infrastructures). Pour Castel, ce projet doit participer à la diversification de l’agriculture éthiopienne ainsi qu’à la promotion de ses produits. « Si ce vin peut contribuer à améliorer l’image de notre pays, alors le pari sera gagné », a déclaré Robel Seido, responsable des ventes de Castel en Ethiopie (Castel possède, en plus du vignoble, deux brasseries en Ethiopie) à Pierre Lepidi pour le Monde.
Le vignoble est situé près du lac Ziway, à 170 km au sud d’Addis-Abeba, au cœur de la vallée du Rift. Le lac est situé à 1600 mètres d’altitude ; le vignoble fait donc partie des plus hauts au monde : hors des zones de climat tempéré, l’altitude permet de compenser la latitude en préservant l’amplitude thermique qui permet des maturations douces. Certains vignobles d’Argentine culminent ainsi à 2500 mètres.
750 000 pieds de vignes (merlot, syrah et cabernet sauvignon pour le vin rouge (90 %) ; chardonnay pour le blanc (10 %) ont été plantés en 2008. « Le sol est légèrement sableux et nous sommes dans une zone tempérée où le climat est idéal, explique Olivier Spillebout, œnologue chargé de la qualité de la production. Les conditions climatiques pourraient même permettre d’effectuer deux vendanges par an. Mais, comme nous souhaitons privilégier la qualité, nous n’en ferons qu’une seule… On devrait obtenir des vins légers et fruités. » Encore faut-il protéger la production : « On a eu des intrusions de pythons, de hyènes et même d’hippopotames dans le vignoble, se souvient Guy Campillo, responsable du domaine. On a donc creusé un fossé de deux mètres autour de la vigne pour la protéger. Depuis, tout va bien ! »
La première vendange appelée à produire du vin aura lieu début novembre et les premières bouteilles seront mises sur le marché début 2012. La moitié de la production (objectif 800 000 bouteilles) est destinée à l’export, notamment à destination des Etats-Unis où vit une importante communauté éthiopienne.L’autre moitié est destinée au marché domestique, pour répondre à une demande de vins locaux supérieurs en gamme à l’offre existante et capable de concurrencer, notamment, les vins sud-africains, dont la commercialisation explose sur tout le continent.
Source : Vitisphere.com