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Edito : Ne jetons pas le Beaujolais Nouveau avec l’eau du bain

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Jean-Pierre Coffe s’est décidé à remettre ses papilles à l’épreuve du Beaujolais Nouveau en participant à l’assemblage d’une cuvée pour Leader Price. Il ne pourra donc plus clamer que « c’est de la merde ». Mais ce millésime 2011, outre des parfums de fruits noirs, dégagera sans doute de puissants arômes d’oseille… Pas sûr que cette image, à grands renforts de communiqués tapageurs, serve celle du Beaujolais Nouveau.

 

Il bénéficie pourtant de jolies récoltes depuis 2009 et a su se départir de ses effluves de banane qui ne lui seyaient pas si bien. Mais la défiance demeure, confortée par le détournement manifeste des dégustateurs et des producteurs eux-mêmes, reniant le succès de plusieurs décennies pour faire les yeux de Chimène aux dix crus. A force de revendiquer qu’il n’y a pas que le Beaujolais Nouveau en Beaujolais et qu’il faut aller dénicher les trésors des Moulin à Vent et des Saint-Amour, aux noms si séducteurs, les prescripteurs n’ont fait qu’enfoncer le bouchon. Les vignerons aussi en supprimant parfois de leurs étiquettes (ou en écrivant en tout petit) le mot Beaujolais pour fuir l’image du Nouveau.

Il a pourtant fait des émules dans toute la France qui a vu fleurir depuis une quinzaine d’années des primeurs de Touraine en Languedoc en passant par le Rhône, l’Atlantique ou Gaillac. Leur succès, local ou plus large, reste indissociable des premières notes de fraîcheur du millésime et d’un joli moment de convivialité qui n’a pas toujours été honteuse. Il ne faudrait pas jeter le vin avec l’eau du bain.

De grands opérateurs bourguignons, cette Bourgogne peu encline à être solidaire d’une région beaujolaise en grande difficulté, ne s’y sont pas trompés en rachetant des maisons du Rhône, et pas seulement des crus. Fi donc de ce snobisme anti-primeurs pour nous réjouir qu’en ce triste mois de novembre, le Beaujolais Nouveau va arriver avec ses notes fruitées et croquantes et ses joyeuses étiquettes.

Edito de la RVI 3893 – novembre 2011

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