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Clos d’Ora, la vision d’un grand cru en Languedoc

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Dans l’univers du slow, le domaine languedocien cultivé par Gérard Bertrand en appellation communale Minervois-La-Livinière, vient naturellement se placer. Vingt ans de réflexion confortés par un travail d’esthète ont été menés sur toutes les dimensions du clos d’Ora, à commencer par la terre, afin d’amener ce vin dans le sillon des grands crus. Voilà qui pousse le Languedoc encore plus loin, toujours plus haut.


Photo : Christelle Zamora

Accompagné de son chien, Nicolas griffe inlassablement la terre du clos, un travail journalier qu’il réalise avec son mulet prénommé Victorieux. La règle de saint Benoît « Ora et labora » qui signifie prière et travail, n’est pas un vœu pieux sous le ciel du Minervois. Car ici, aucune mécanisation ne vient chahuter le vignoble, seulement l’animal ou la main de l’homme s’y aventurent.

Entouré de figuiers, de chênes verts, d’oliviers, les raisins du clos d’Ora mûrissent lentement sur les contreforts de la montagne Noire, sur les meilleurs sols du Minervois. Et ce projet est le plus abouti de tous les domaines de Gérard Bertrand. Le minot de Villemajou, un domaine des Corbières situé à une trentaine de kilomètres d’ici, y réalise donc le rêve d’une vie.

 

Un terroir à haut potentiel

Sur ce terroir au biotope unique, les pratiques culturales ont été étudiées pour toucher à la perfection. « En 1997, lors de l’acquisition du domaine, seules les vieilles vignes étaient en place. Pour les autres, il a fallu préparer les sols et planter. C’est sous les conseils avisés de l’expert Jean-Claude Jacquinet que le potentiel de ce terroir a été pressenti. Cet expert en délimitation parcellaire et technicien des sols avait été un soutien dans la délimitation du cru Boutenac. Il a donc naturellement participé à la naissance du clos d’Ora en minervois-la-livinière », souligne Richard Planas, Directeur des Domaines. Dans un travail de zonage, un lien a été établi entre la végétation spontanée et le potentiel des sols composés de marnes, de grès et de calcaires, puis la recherche de la meilleure adéquation cépage-terroir s’en est suivie. « Aux carignans octogénaires et aux vieux grenaches ont été ajoutés syrah et mourvèdre, pour réaliser un quatuor typique du sud de la France », relève Gérard Bertrand. « Ainsi, le mourvèdre est planté en terrasses sur la façade sud, protégé du vent du nord par une colline. Il baigne donc entre chaleur et lumière, sans souffrir de déshydratation (stress hydrique). Quant à la syrah, ce sont les sols calcaires qui transforment sa naturelle opulence languedocienne en élégance. » Autre fait rare et déterminant, le domaine se situe à une zone de contact particulièrement complexe en géologie. Il faut ajouter à cela une altitude de 220 mètres et un climat méditerranéen en limite occidentale.

 

Un vin en résonance

« Le clos d’Ora représente neuf hectares dans l’immense vignoble de plus de sept cents hectares géré par Gérard Bertrand. Il est cultivé en biodynamie comme les cinq cents hectares déjà engagés dans la démarche », commente Richard Planas. « Et dans cette voie de la biodynamie, Gérard Bertrand entend égaler les plus grands vins au monde, faire du clos d’Ora ce que El Unico de Véga Sicilia est à la Ribera del Duero, La Romanée-Conti à la Bourgogne, Pétrus à Bordeaux ou Sassicaia aux Supers Toscans. » Autrement dit une référence hors norme. Du haut de ses cinq millésimes, le clos d’Ora construit patiemment sa légende. « Nous produisons 8 à 10 000 cols chaque année, distribués par allocation dans les meilleurs restaurants et cavistes du monde, clos d’Ora ne s’inscrit pas dans la comparaison, il est unique », clarifie Gérard Bertrand.

Comme rien n’est laissé au hasard, l’alternance thermique des nuits fraiches, une maturation lente et une conduite de la vigne appropriée, se joignent au cortège des bonnes dispositions. Le chais, une ex-bergerie en ruine, a été élevé au rang d’œuvre d’art littéralement fondue dans les éléments. La cuverie est en béton non-revêtu, une qualité censée réunir les énergies célestes et telluriques. Des fûts – de chauffes et de qualités différentes – permettent un élevage soigné. Neuf parcelles, neuf hectares, neuf cuves, le chiffre des rites et des passages mais aussi de la patience et de la méditation règne ici en maître. Le nombre de l’harmonie, de l’inspiration et de la perfection des idées. Il faut 9 mois pour donner la vie, 18 ans pour devenir un homme. Voilà qui devrait être soluble dans le vin. Découvert par Gérard Bertrand en 1997, le clos d’Ora a déjà bien grandi. Il se construit patiemment loin de l’adversité, dans l’étoffe de ceux que l’on dit visionnaires.

Gérard Bertrand, aussi à Carcassonne
Très implanté dans l’Aude, le vigneron-négociant Gérard Bertrand prend en fermage la centaine d’hectares du Domaine de l’Estagnère, aux portes de Carcassonne, qui appartient à la famille Sarrail. Le groupe Gérard Bertrand a réalisé un chiffre d’affaires de 100 M€ en 2017 et emploie 250 personnes.

Christelle Zamora

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