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Bordeaux, une filière à deux vitesses

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Les Grands Crus …

L’Union des Grands Crus de Bordeaux confirme de bonnes performances en France et à l’international dans un contexte morose

Face aux incertitudes liées aux exportations aux Etats-Unis, en Grande Bretagne et en Chine, l’Union des Grands Crus de Bordeaux affiche un dynamisme en progression sur les marchés clés et poursuit un programme de promotion ambitieux.

Lors de la dégustation annuelle de l’Union des Grands Crus de Bordeaux (UGCB), le 4 février à Paris, mettant en avant le dernier millésime en vente : 2017, nous avons eu l’occasion de rencontrer les professionnels du secteur – acheteurs français, cavistes et sommeliers. Ronan Laborde, Président de l’UGCB et propriétaire du Château Clinet à Pomerol, s’est exprimé sur un certain nombre de sujets. Parmi eux, on retiendra notamment les tendances des derniers millésimes bordelais, les engagements environnementaux et les innovations viticoles portées par les Châteaux, ainsi que l’état des lieux des ventes des Grands vins de Bordeaux en France et à l’export. Des exportations au beau fixe pour l’Union des Grands Crus de Bordeaux.

Dans un contexte où les indicateurs commerciaux des vins de Bordeaux sont inquiétants (repli des ventes en Grande Surface en France, incertitudes liées au Brexit et impact des Taxes Trump mises en place depuis octobre 2019), l’Union des Grands Crus de Bordeaux affiche une certaine confiance et motivation. En témoigne le dernier rapport issu des données douanières avec une activité des exportations de Grands Crus très soutenue, et ce entre juillet 2018 et juin 2019. Les exportations en valeur, pour les vins dont les prix de vente sont supérieurs à 22,50€/bouteille s’élèvent, pour cette période, à 1,15 Md €, soit le chiffre le plus élevé depuis 2012. La hausse mondiale est de 12 % en valeur, par rapport à 2017/2018. L’ensemble des marchés est en croissance, avec une augmentation de 30 % sur les Etats-Unis, 22 % au Royaume-Uni, 15 % en Suisse. La Grande Chine (incluant Hong-Kong, Macao) reste, elle, en repli avec une baisse de 1,34 %. « On note une augmentation de la valeur globale exportée et un rééquilibrage des destinations de ventes », explique Ronan Laborde.

Les raisons de ces chiffres en croissance ? Les livraisons des primeurs 2016, qui ont remporté un grand succès, et une bonne activité sur les millésimes livrables. L’enjeu pour l’Union des Grands Crus est de continuer à dynamiser l’attractivité des vins de Bordeaux sur les marchés français et étrangers, notamment à travers un programme promotionnel à destination des professionnels du secteur dans 15 pays dans le monde.

L’Union des Grands Crus de Bordeaux, créée au début des années 1970, a pour mission de faire rayonner l’excellence des Châteaux bordelais à travers le monde. L’Union rassemble 134 crus bordelais, issus des 14 appellations produisant des Grands Crus (Pessac-Léognan, Graves, Saint-Emilion Grand Cru, Pomerol, Listrac-Médoc, Moulis-en-Médoc, Haut-Médoc, Médoc, Margaux, Saint-Julien, Pauillac, Saint-Estèphe, Sauternes et Barsac). Elle propose à ses membres un programme d’événements sur-mesure dans une quinzaine de pays, qui sont les principales destinations des Grands Crus de Bordeaux à l’export (Etats-Unis, Canada, Chine, Hong-Kong, Taiwan, Corée du Sud, Singapour, Japon, Vietnam, Royaume-Uni, Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Suisse, Italie, Russie…). En France, l’Union organise à Bordeaux l’incontournable « Semaine des Primeurs », début avril, qui permet de présenter le dernier millésime produit, alors en-cours d’élevage, ainsi qu’une grande dégustation du dernier millésime livré à Paris, en février, au Carreau du Temple. A travers plus de 60 événements, les membres producteurs rencontrent environ 45 000 personnes par an.

Les « petits » Bordeaux …

Bordeaux pourrait déclasser 200 000 hectolitres de vins AOC

Le projet, soumis à l’assemblée générale du syndicat des Bordeaux et Bordeaux supérieur et des délégués cantonaux le 6 décembre dernier, veut déclasser 200 000 hectolitres de vins AOC représente une enveloppe de 33 M€, prévue pour janvier 2020.  Pour compenser la perte des producteurs, une prime de 40€ par hectolitre est prévue dans le projet, afin de compenser la baisse du prix de vente, et s’approcher de celui en AOC. Cela représente donc une compensation de 360 € par tonneau. Ouverte à tous les millésimes, cette prime de déclassement sera débloquée par une « renonciation » à l’appellation AOC. Les producteurs pourront alors se tourner vers des indications géographiques protégées (IGP) ou vers les Vins sans indications géographiques (VSIG).
Mais le projet fait débat parmi les professionnels, pour qui cette mesure ferait plus de mal que de bien à la filière. « Les annonces qui se préparent au sein de l’ODG Bordeaux manquent peut-être un peu de concertation. Les mesures ne sont pas partagées. On s’inquiète de l’assemblée générale » explique Thomas Solans, le vice-président des Jeunes Agricultures de Gironde à Vitisphère.Les mesures dont nous avons entendu parler ne nous rassurent pas et ne correspondent pas aux attentes des viticulteurs. La production de VSIG ne fera que détruire la marque Bordeaux. Les mesures d’abondement ne sont pas une bonne idée, elles ne seront pas destinées aux viticulteurs les plus en difficulté. »

Pour les professionnels, la filière va évoluer dans les prochaines années pour s’adapter aux nouvelles conjonctures économiques. Cette décision serait donc un point central dans cette mutation. Les interrogations qui en découlent seront prises en compte par l’interprofession. « Les prises de décision ont été décalées pour proposer des mesures nouvelles se basant sur les dernières données de production et de commercialisation », répond Fabien Bova, le directeur de l’interprofession dans l’article de Vitisphère.

En parallèle, une réserve interprofessionnelle des vins est à l’étude.
La filière bordelaise est dans une mauvaise posture, suite aux blocages commerciaux qui pèsent sur les vins bordelais. Sur l’année, les exportations de vins ont baissé de 14 % par rapport à 2018, la Chine ayant réduit de 31 % ses exportations de vins bordelais. Les ventes nationales sont aussi en berne, pour les vins en vrac et vins tranquilles. Pour relancer la demande, un nouvel outil d’aide à la promotion en bouteille va donc être mis en place.  Le conseil d’administration de l’ODG souhaite donc créer un fond de soutien à la commercialisation de 25 M€, disponible de janvier 2020 à décembre 2024

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